Henri, la cinquantaine bien enrobée, exploite avec sa femme Rita, un petit café-restaurant dans les environs de Charleroi : « LaCantina ». Le soir, quand les clients sont partis, il reste dans le café deux compères : Bibi et René, véritables piliers de comptoirs. Henri partage quelques bières avec ses amis, échangeant des plaisanteries, les dernières nouvelles, et les actualités de leur passion commune : les pigeons voyageurs, avec les concours organisés dans le village. Rita meurt subitement, et Henri se retrouve seul et désemparé. Il y a dans les environs une institution accueillant des jeunes légèrement handicapés mentaux, ou plutôt retardés, mais capables de remplir des taches répétitives, et surtout de travailler à l’extérieur. On les appelle les « papillons blancs ». La fille d’Henri, Laeticia, lui conseille de se faire seconder par un de ces « papillons ». Ce sera Rosette. Avec elle, Henri, qui se laissait aller, va être obligé de la suivre, de lui apprendre les rudiments du service aux clients, et les taches habituelles. Peu à peu une complicité se développe entre Henri et Rosette, sous l’œil de leur entourage et, bien sûr, de Bibi et René. Ce qui fait le charme du film, c’est cette approche du bon Henri, et de celle qui pourrait être sa fille. Il y a le coté famille, et l’environnement du borinage, des usines, le crassier, les familles de mineurs, la découverte de la mer. Il naît une attirance ,réciproque malgré la tentation qui peut toucher Henri, mais qui va surtout venir de Rosette. Elle découvre la coquetterie, retrouve les souvenirs de Rita, et le désir de prendre sa place. Cette situation – les contacts de cet homme et d’une fille vulnérable – pouvait être pleine de risques. Yolande Moreau parvient à les éviter et, avec beaucoup de délicatesse, cerne l’évolution de ce couple hors norme, où chacun a tant de chemin à faire, Henri qui sait « qu’il est trop vieux », Rosette qui s’éveille à la vie… Et puis il y a la fête à l’institution, la visite du frère de Rosette, les lâchers de pigeons, une virée à la fête foraine, une intimité qui permet d’envisager un nouveau départ. Tout se met en place sans heurts, on pourrait dire sans problèmes. Pris par cette belle histoire, on est amené à leur souhaiter, tout simplement, d’être heureux.