Inégal, quelque peu brouillon et téléphoné, mais aussi très accessible, distrayant et esthétiquement satisfaisant, le deuxième film du jeune Eran Creevy, non distribué en France, est ce que l’on pourrait appeler un film d’action tout à fais franc du collier. Par manque de moyens, sans doute aussi du fait d’une certaine naïveté, le jeune cinéaste n’aura su donner un réel sens à son histoire policière pour le moins vicieuse qui renvoie le public vers une sorte de relecture du tandem impossible. L’on sent aussi, à n’en pas douter, chez Creevy, bien qu’il s’agisse d’un dauphin du producteur réalisateur Ridley Scott, de nombreuses influences visuelles et techniques de Michael Mann ou encore Christopher Nolan.
En effet, le cinéaste semble puiser dans la filmographie des deux grands réalisateurs un ensemble de manières de faire, de filmer. Il démontre notamment un réel intérêt quant à la véracité des fusillades ainsi qu’une très belle perspective de l’urbanisation intensivement métallique et esthétiquement très occidentale de l’homme moderne, d’où la référence à Mann et Nolan. Malgré les bonnes idées, le jeune Creevy ne s’appelle ni comme l’un ni comme l’autre, d’où un sentiment de bonnes intentions masquées par un certain amateurisme pouvant être rageant, d’autant plus marqué d’un point de vue narratif. Par ailleurs, ses scènes d’action, correctes, n’ont qu’un tonus tout à fait relatif qui n’éblouit ni n’émerveille un public qui en voit des tonnes tous les ans.
L’une des forces, qui peut être à la fois l’une des faiblesses de Welcome to the Punch, est la disparité crasse entre un casting rompu et des seconds rôles quasiment amorphe. Si James McAvoy et Mark Strong sont dans la mesure du possible plutôt bons, accompagné d’une Andrea Riseborough culottée, l’ensemble des personnages gravitant autour d’eux sont presque tous avares en qualités d’interprétation. L’on note par ailleurs que le réalisateur s’essaie à maintes reprises à vouloir innover, par des ralentis, des plans originaux et d’autres effets de manche qui font de son film non plus un film moyen comme tant d’autres mais un film moyen presque innovant.
Au dire d’une certaine fausse publicité, l’on devait s’attendre à une bombe de film d’action. Autant dire que la bombe aura sauté dans l’eau, même si le rythme est soutenu et que le tandem d’acteurs principaux font leurs possibles pour donner du charisme à leurs personnages. Que le film n’ait pas été distribué en France n’est donc pas foncièrement grave, l’on n’aura sincèrement vu mieux. Toutefois, ne distribuant pas celui-ci, d’autres films bien moins bons ou du même acabit sortie régulièrement dans les salles obscures. Il faut dès lors prendre note que le mauvais cinéma américain possède un poids bien plus lourd en France que le cinéma moyen européen. 07/20