un film un peu paradoxal,
paradoxal car à la fois plus intéressant qu'il n'en a l'air, et à la fois, moins intéressant qu'il n'y parait, finalement c'est un peu à l'image des critiques dithyrambiques d'une part, et plutôt assassines de l'autre.
les gênes de l'histoire, de l'idée de départ, et de la critique sous jacente développée le long du film, s'appuient sur une vision de l'influence des médias, dans notre société, la possibilité de devenir célèbre, rapidement, et pour des raisons de plus en plus ténues (voir inexistantes). La citation d'andy Warhol est reprise à juste titre. C'est également une critique en règle d'une certaine télé, la télé trash, celle des émissions de MOF, Morandini, Delarue, des émissions à sensations ..la charge est lourde, très lourde, presque trop, mais elle finit par atteindre sa cible, car tout le monde a été le témoin des dérives de cette télé, de la télé réalité , des excès "excessifs", finalement, la caricature employée par Gianolli est presque justifiée pour marquer les esprits.
toutes ces idées sont donc au crédit du film, même si il faut l'avouer cela ne sent pas l'originalité à plein nez, çà a le mérite de rendre le film plutôt divertissant, et pour reprendre une phrase du producteur résumant l'histoire de Martin Kazinski "c'est divertissant, peut être un peu long, et on a surement fait des erreurs .."
Au "débit" du film, à son détriment, plusieurs fausses bonnes idées, et plusieurs vraies idées grotesques.
Primo, on a compris que ce Martin était un Monsieur Tout le monde, mais monsieur tout le monde, c'est un type normal, pas forcément un démeuré, ou un beauf. Et là force est de constater que le personnage est un véritable beauf, Giannoli en fait un type banal, mais avec un certain mépris, comme ce Journaliste qui se voit conspuer d'avoir traité Martin de Banal. Pourquoi ce martin n'aurait pas pu être un commercial ou un ingénieur normal. Enfin Kad Mehrad joue à perfection le demeuré, je dis çà pour louer sincèrement le talent de l'acteur, mais oui son personnage est un gros beauf.
Le oint le plus négatif du film, c'est que son sujet, son idée, sa critique sous jacente, c'est l'histoire du film elle même. Pour le dire plus simplement, il n'y a pas réellement d'histoire, il manque une vraie intrigue, il manque un pourquoi, même si c'était de la fiction, quelque chose à quoi se rattacher, faute de repère le spectateur se sent pris en étau entre le réalisateur d'une part et le monde de la télé de l'autre ...
Dans le Prix du danger d'Yves Boisset, qui est aussi une critique du monde de la télé, la critique découle de l'histoire de cet homme traqué, avec une véritable intrigue, un suspens, l'histoire n'est pas la critique elle même (les américains l'ont bien compris en un faisant un remake, running man, très bonne série B et qui ne rate pas sa cible de la critique pour autant).
Les fautes de réalisation, ou de scénario: pourquoi Martin va t'il 3 fois dans un supermarché, alors qu'il sait systématiquement qu'il va être repéré ? pourquoi ne fait t'il pas ses courses sur Internet ? une fois d'accord, 2 fois c'est limite, à la troisième on se dit qu'il mérite vraiment la baffe qu'il reçoit ...cette erreur résume tous les problèmes du film ...à vouloir trop copier la réalité d'un homme normal, son quotidien, ses actions deviennent irréelles (un certain président devrait méditer cela tien)
Comme pour le magasin, pourquoi martin retourne t'il une deuxième fois dans cette émission en direct, alors qu'il sait que cela va mal se passer, s'il ne se protège pas, ou ne se préserve pas (enregistrer une interview en différé par exemple)
la conférence de presse où les journalistes finissent par envoyer des chaussures sur Martin est totalement grotesque.
voilà, pour toutes ces raisons je dirais que le film mérite tout de même d'être vu, mais qu'il va également mériter son échec. Paradoxal ..CQFD