Curieux film que La vida Util, en dehors du temps, comme l'est la ville où il a été tourné, Montevideo. L'usage du noir et blanc, sa durée limitée (67 minutes), son humour très discret, en font un objet insolite qui rappelle la singularité du cinéma uruguayen, de Whisky aux Toilettes du pape. La première partie du film de Federico Veiroj ressemble à un documentaire sur les difficultés de la cinémathèque locale, en proie à des problèmes financiers insolubles et à une désaffection croissante du public. A travers la présentation de grands classiques ou d'émissions de radio très pointues, c'est à la cinéphilie que Veiroj rend hommage, d'une manière désuète et un peu poussiéreuse, il faut bien le reconnaître. La deuxième partie de La vida util, qui plonge son personnage principal dans la fiction, est bien plus excitante. L'errance de cet homme, dans des lieux divers : un salon de coiffure, la faculté de droit, ... devient une sorte d'épopée cocasse, soulignée par une musique à contre-emploi, que l'on croirait échappée d'un western ou d'un film d'aventures. Un petit moment de poésie, bien trop court, qui met en joie et frustre à la fois.