Bien que Les Acacias soit le premier long-métrage de Pablo Giorgelli, le réalisateur avait déjà une longue expérience dans le montage (Moebius en 1996, Solo por hoy en 2001), ainsi que dans la réalisation et l'écriture de scénarios pour des documentaires télévisés.
Confronté à la difficile question des motivations qui l'ont poussé à faire ce film, Pablo Giorgelli est persuadé que son histoire personnelle a été décisive pour le développement de ce projet. En effet, en quelques mois à peine, le metteur en scène s'est séparé de sa compagne à un moment où la crise économique a frappé fort en Argentine : "Ce film parle de ma douleur face à la perte. De la solitude éprouvée à l’époque. Du besoin de me sentir protégé par quelqu’un", se remémore Pablo Giorgelli.
Au festival de Cannes 2011, Les Acacias a remporté le très prestigieux prix de la Caméra d'Or, attribué au meilleur premier film, toutes compétitions confondues. Le film a également reçu le prix ACID et le prix de la jeune critique.
Malgré le succès du film, Pablo Giorgelli garde la tête sur les épaules : "Il ne faut pas oublier qu'un prix signifie que le film a plu à petit nombre de personnes. Il n'est pas meilleur ou pire si l'on gagne un prix ou pas. Je suis quand même touché, et très content avec le film. C'est le film que je voulais faire, indépendamment des prix qu'il ait pu avoir."
Après le succès inattendu de ce premier film, Pablo Giorgelli avoue modestement ne pas être sûr de pouvoir reproduire une telle réussite. Même si l'idée d'un film sur sa grand-mère le tente volontiers, le metteur en scène voudrait, dans un premier temps, "trouver un travail" : "C'est très dur de vivre du cinéma. A vrai dire, je ne me sens pas un artiste, mais un travailleur."
En plus de la difficulté de tourner un film en constant mouvement et celle de rendre l'action dynamique malgré l'espace restreint du véhicule, Pablo Giorgelli s'inquiétait du fait d'avoir un bébé sur scène pendant presque toute l'histoire. Il avait besoin d'images de Nayra Calle Mamani en train de pleurer, de manger, de dormir, mais son contrôle sur la toute petite actrice était évidemment très limité, d'où une organisation très précise sur le tournage, visant à saisir ces moments-clés de la meilleure façon possible.
Dans l'équipe technique des Acacias, on trouve plusieurs proches du réalisateur Pablo Giorgelli. Ariel Rotter, le producteur, est un ami de longue date, lui aussi réalisateur, et auteur du film Solo por hoy, dont Giorgelli a été le monteur. Maria Astrauskas, la chef monteuse, est la femme du cinéaste, avec qui il avait déjà travaillé dans des documentaires télévisés : "Pendant le montage de la série, qui a duré plus d’un an, je me suis consacré à la séduire, plutôt qu’à peaufiner les documentaires - bien évidemment ils ne sont pas très réussis !", confesse Georgelli.
Si vous pensiez que faire le montage d'un film chez soi est une bonne manière de se détendre, sachez que Pablo Giorgelli le déconseille fortement. Selon lui, le travail à la maison a besoin d'une discipline de fer, qu'il n'a pas réussi à avoir avec Les Acacias. Le cinéaste a travaillé jour et nuit, pendant six mois, parfois même après le dîner si une bonne idée lui venait à l'esprit : "C’est la dernière fois que je le fais ! (...) Vu qu’on est réalisateur à temps plein, on ne pense qu’à ça. Du coup, le quotidien devient compliqué", explique-t-il.
Le casting pour les trois seuls rôles dans Les Acacias a pris plus de deux ans. Le réalisateur cherchait un acteur amateur pour jouer le camionneur, mais puisque personne ne correspondait au personnage, il a fini par trouver en Germán De Silva, comédien expérimenté issu du théâtre, la personne idéale pour Rubén. Pour le rôle de Jacinta, l'une des premières personnes à se présenter a été Hebe Duarte, l'assistante de la directrice de casting qui n'a aucune formation de comédienne. Même si le réalisateur a rencontré de nombreuses candidates après, c'est bien elle qui a été retenue.
Le tournage des Acacias a duré cinq semaines, passées essentiellement à bord d'un camion, sur les autoroutes proches de la frontière entre l'Argentine et le Paraguay. Les provinces de Corrientes et de Buenos Aires ont également servi de décor pour le film.