Derniers Avis : Tous au Larzac - Page 5

A voir pour comprendre la supériorité de la légitimité sur la légalité...
Un reportage qui retrace un combat sur la durée qui ne doit pas s'arrêter

Un des aspects les plus captivants et riches d’enseignement, c’est la trajectoire personnelle d’une communauté de paysans, qui s’avoue elle-même plutôt à droite et conservatrice, rencontrant quelques années après Mai 1968, événement qu’elle vécut de loin et eut plutôt tendance à l’effrayer, des groupes de jeunes étudiants venus le plus souvent de Paris pour la soutenir, mais aussi mettre la main à la pâte. La reconstruction de l’immense bergerie – que le réalisateur filme soudain comme une cathédrale – en atteste, comme l’installation de nouveaux paysans.
Des manifestations délocalisées à la capitale – les flics aux prises avec les brebis récalcitrantes sur le Champ-de-Mars, ça vaut le détour – aux escarmouches avec les militaires qui virent à un jeu absurde du chat et de la souris, Christian Rouaud n’omet aucune des étapes qui jalonnèrent la décennie de combat avec ses moments drôles – l’humour est très présent – mais aussi émouvants. La mémoire d’un des leaders et stratèges du mouvement (Guy Tarlier) aujourd’hui disparu est évoquée par Marizette sa veuve avec beaucoup de dignité.
Ainsi que l’expérience bisontine en témoignait, et au-delà d’avoir obtenu gain de cause, au prix d’avoir parfois mis de côté l’activité principale de la culture et de l’élevage, la bataille du Larzac a permis à ceux et celles qui l’ont initiée d’appréhender et de mesurer les bienfaits de l’engagement, de la solidarité et de la persévérance, mais aussi du choc des cultures et du brassage.

 côté du rappel historique, toujours riche de leçons, que constitue le passionnant Tous au Larzac – et les plans sur les paysages grandioses du plateau confirment qu’il s’agit aussi de cinéma – il y a aussi toutes les passerelles qu’on peut jeter avec l’époque actuelle (les différents mouvements des Indignés à travers le monde seraient sans doute inspirés d’aller découvrir le film). Une utopie qui à force d’acharnement et de refus d’abandon, d’inventions et d’idées devient une réalité. Et une magnifique raison d’y croire encore. Réconfortant.

Et moi je dis d'emblée, tous au cinéma pour voir "Tous au Larzac" !
Je l'avoue, je me suis rendu à la projection du film de Christophe Rouaud en traînant les pieds, me disant, malgré de très bonnes critiques, qu'un documentaire de deux heures sur ce vieux combat, cela risquait d'être un peu pensum...
Et là, dès les cinq premières minutes, j'ai été happé par le sujet, captivé par l'évocation de ce combat d'un noyau de paysans contre l'état et son projet d'agrandir un terrain militaire en les expropriant comme des malpropres.
La force de ce film, mélange d'images d'archives, de témoignages et de magnifiques plans de paysages réside dans le message de solidarité et d'espoir qui se développe au fil des séquences.
Mais le meilleur reste les témoignages des différents anciens leaders de ce mouvement. Si le discours de José Bové, figure médiatique connue, n'est pas vraiment surprenant, ceux qui crèvent l'écran sont les anciens leaders, paysans "pur porc" du Larzac. Avec sincérité, intelligence, humilité et humour, ils donnent une grande leçon de vie, de survie. Ils content ces dix années de combat avec lucidité, délivrant ainsi un véritable message de solidarité et d'espérance à notre génération dont les combats contre ce pouvoir libéral ne font que commencer.
Ces gens là, en dix ans, ont tout connu du combat militant et notamment de ses pièges. Ils ont réussi à vaincre les tentatives de noyautage de mouvances extrémistes, d'intimidation des médias, des tentatives de déstabilisation des renseignements généraux. Ils ont su inventer un combat original, imaginatif, non violent. Ils ont compris comment utiliser les médias en occupant le terrain avec des images fortes et symboliques.
Trente ans après, nous les écoutons égrener leurs souvenirs. Ce qui m'a frappé, c'est la beauté de ces personnes. Les visages sont ridés, vieillis mais chaque geste, chaque regard, chaque silence dégage une humanité extraordinaire. Ils ont accompli dans leur vie des actes dont ils peuvent être fiers et cela se voit.
Ces années de lutte les ont soudés, et lorsqu'en 1981, François Mitterrand décide d'enterrer le projet d'extension, leur rebellion est restée intacte puisque c'est encore dans le Larzac que sont nés les mouvements altermondialistes, la lutte contre les OGM,...
Ce documentaire est une leçon de résistance, qui prouve qu'avec de la solidarité, de l'imagination, on peut arriver à faire plier le pouvoir. Un film qui donne de l'espoir à tous les indignés de la terre.
La fin sur http://sansconnivence.blogspot.com/2011/11/tous-au-larzac-de-christophe-rouaud.html

Bien qu'on connaisse la lutte paysanne qui s'est opposée à l'extension du camp militaire du Larzac, ce documentaire a le mérite de nous transmettre, avec du recul mais aussi une belle force, les témoignages toujours vibrants d'une petite dizaine d'activistes qui ont été au cœur du combat, tout en apportant une analyse historique suffisamment éclairante dans un ordre chronologique précis. D'un montage agréable, fluide et judicieux (Fabrice Rouaud), ce film de Christian Rouaud sait nous entraîner dans le flot de l'aventure et parvient à faire jaillir l'émotion, aisément empathique. On passe de la légèreté à un ton plus dramatique ou humoristique. Malgré une légère impression de tourner-manège (par exemple, la phrase d'un témoin se trouve parfois coupée pour rapidement passer à un autre témoignage), le récit se tient et suit une grande cohérence, sans les lourdeurs d'un intervieweur ni celles d'une procédure trop monotone: sont intercalés de belles images du pays (paysages, vieilles maisons, figures emblématiques) et de nombreux extraits d'archives vidéo pertinentes. De plus, certains témoins sont filmés en divers arrière-plans et quelquefois en mouvement sur des «lieux» nostalgiques (Marizette, José Bové). On saisit à quel point l'ancien président Valéry Giscard-d'Estaing, entre autres, a fait beaucoup de mal à ces gens mais aussi à la France: des milliers de personnes se mobilisèrent pendant onze ans sans recevoir du pouvoir autre chose que mépris, indifférence et menace, s'il n'y avait eu l'élection de François Mitterand (pourtant bien malmené aux débuts du mouvement, qui refusait toute récupération politique). Lorsque ceux d'«en haut» interviennent, on ne peut faire autrement que s'en moquer, tellement ils paraissent imbus de leur position, distants et coupés des réalités du vécu sur le terrain. Il y a aussi de l'humour, comme avec le regard porté par les paysans sur ces «gens de l'extérieur» inhabituels (anars et hippies, joyeux et enthousiastes) et leur participation à l'action. Ce doc, très émouvant, offre une belle démonstration de persévérance et d'unité autour d'un combat pacifique.

Ce documentaire est un régal. Frais, revigorant, optimiste, solidaire. L'histoire d'un pot de verre plus résistant qu'un pot de fer. Un combat juste mené de haute lutte. Une leçon à méditer pour la jeunesse d'aujourd'hui qui se repose sur ses lauriers de Facebook et autres Playstation. Sortez, bougez, luttez, battez-vous, il en restera toujours quelque chose si votre combat est juste.
Merci aux "paysans" du Larzac, vous êtes formidables de fraîcheur. Une leçon de vie.

Intelligent et savoureux. Un plaisir, même si l'on n'a pas connu la période, et comme un écho aux luttes actuelles...

Je ne souhaite qu'une chose à Tous au Larzac : qu'il connaisse le même nombre d'entrées salle qu'Intouchables. C'est un formidable film politique au sens noble de politique, au sens de gens qui vont les uns vers les autres, de gens qui ne se résignent pas, de gens qui comprennent la différence entre légitimité et légalité. On ne s'ennuie pas une minute, les témoignages sont intéressants, amusants, bouleversants. C'est également intéressant de voir la trajectoire de José Bové, comprendre d'où il vient.
Et ça remet en tête que la lutte paie, qu'un petit nombre d'individus, à condition qu'ils soient déterminés, solidaires, soudés, peuvent faire plier l'Etat.

Un beau combat où la raison l'a emportée face à la bêtise et la méchanceté. Mais il y a d'autres combats à mener : le futur aéroport de Nantes, le gaz de schiste. Gagnons ces batailles et faisons un si beau film que Tous au Larzac.

Un documentaire intelligent et meme parfois drôle sur un sujet aussi sérieux que la résistance aux abus du pouvoir qui privilégie l'institution a l'être.

Excellent docu, avec des paroles savoureuses, authentiques et "sans faux col" & des images d'archives bien placées pour illustrer ce beau combat, complexe et intense.
Sans caricature ni complaisance, c'est savoureux et redonne (un peu) l'espoir dans la nature humaine et l'avenir...

Un très beau film qui retrace la lutte du Larzac à partir d'interviews de certains de ses protagonistes, d'images d'archives et de ses somptueux paysages.
Un film édifiant pour les luttes futures.
Pour tout le monde...