France Inter, lundi 21 novembre, 18H45 :
"(...) tous les gens qui ont vécu ça ont été extrêmement émus parce que le Larzac, c'est vrai, réduire ça aux hippies qui rigolent, c'est tout petit", dit l'animateur France Inter.
"C'est le discours de l'ennemi, ça !", coupe Christian Rouaud presque colère. Et d'enchaîner : "Les hippies, les chèvres, les communautés, tout ça, c'était des conneries. (...) On a fabriqué une image négative qui fonctionne encore aujourd'hui (...) Ya des gens qui croient encore aujourd'hui que c'était des histoires de hippies !"
Emission Down Town de Philippe Collin et Xavier Mauduit, avec Christian Rouault et Léon Maillé (qui approuvait).
Des "hippies", quelle incongruité, quelle horreur ! Peut-on imaginer plus négatif, plus petit ?!
"Des conneries"... Mais quelle conscience a Christian Rouault des hippies ? Ne sait-il pas que le mouvement Hippie étaient l'un des courants révolutionnaires des sixties ? Comment le réalisateur d'un film sur l'une des luttes exemplaires de la nouvelle gauche peut-il dénigrer l'une des composantes de la nouvelle gauche américaine et internationale ? Je crois l'entendre demander : "C'était quoi la nouvelle gauche américaine ?"
Et, de ce côté de l'Atlantique, ces "hippies", qui semblent considérés comme une pollution par Môsieur Christian Rouault (comme les communautaires), qui étaient-ils ? Des écologistes, des anarchistes, des pacifistes, des autogestionnaires, des féministes, des régionalistes occitans et d'autres régions, des communautaires (le combat de Lanza del Vasto et de ses amis, d'ailleurs implantés en deux endroits dans la région, aurait-il été oublié ?)... peut-être même quelques purs hippies du déjà vieux mouvement, d'ailleurs. Et alors ? N'ont-ils pas pesé dans la lutte hautement symbolique du Larzac – une lutte qui dépassait de très loin les limites du Plateau ?
Tous étaient unis dans un même mouvement : la nouvelle gauche façon Murray Bookchin, comme l'évoquait Fournier avant même l'ouverture des hostilités au Larzac. Ce que nous allions bientôt appeler le mouvement alternatif. Sans cet élan général de l'alternative au système dominant, ici méprisé au travers des hippies, la résistance du Larzac serait restée confidentielle.
On reconnaît là la bêtise, souvent instrumentalisée, qui consiste à stigmatiser les autres, les différents, ceux que l'on ne comprend pas, que l'on ne comprend plus. Pour se rassurer contre ce qui, désormais, inquiète, et s'éviter de penser ?
Quarante ans après, tous des notaires ?
A quoi sert Christian Rouault ? Dans quelle mesure son révisionnisme est-il involontaire ?
ACG planetaryecology