Du diagnostic, une tumeur cérébrale inopérable, à la fin, quelques petits mois plus tard. Pour lui est un film qui ne triche pas, c'est la mort en face, les yeux dans les yeux, et cela passe par un réalisme parfois insupportable (l'agonie est longue), dans un quotidien qui se poursuit, malgré l'ombre noire qui plane. Andreas Dresen, né en RDA, est le meilleur représentant du cinéma allemand actuel, avec Christian Petzold. Ses films refusent le sentimentalisme (Un été à Berlin, Septième ciel), traquent les êtres dans leurs failles et leurs faiblesses. Sans en rajouter, avec sobriété, lucidité, humanité. Aborder le thème d'une mort annoncée n'est pas une mince affaire, il n'y aucun espoir à attendre, aucune rémission à espérer. Dresen traite de la fin de vie, comme 'd'une chose naturelle, qui ne doit pas se cacher derrière les tabous habituels. Il le fait avec honnêteté, une touche d'onirisme (la tumeur prend visage humain), exprime la colère, l'injustice, la révolte, la douleur, la résignation, l'apaisement comme autant de sentiments qui se mélangent dans des ruptures de ton qui déconcertent et coupent le souffle. On ne peut pas parler de beau film devant un tel spectacle, mais de film juste, ça, oui.