La beauté et la pureté d'un être peuvent être souillées de bien des manières. Laura Guerrero, candidate au concours de Miss Baja California, en fera l'expérience malgré elle. Dans un Mexique gangrené de l'intérieur, en pleine implosion, elle se retrouvera propulsée au cœur d'un conflit entre forces de l'ordre et cartels de la drogue. Le moindre de ses choix aura une importance cruciale et elle ne pourra que subir tous les évènements qui lui arrivent en essayant de sauver de son ancienne vie ce qu'il reste à sauver.
L'innocence et la joie de vivre qui l'habitent au début du film ne sont là que pour marquer le terne contraste avec la suite : Nous avons la démonstration de ce que les dégâts collatéraux d'une guerre sans merci peuvent avoir comme répercussions sur des populations entières. Car Laura n'est pas la seule à être mêlée à ce conflit, toute la population l'est, de près ou de loin : Entre guerre civile, flics corrompus et civils blottis dans la peur, tout le monde en souffre. Certains décident de s'y opposer, à leurs risques et périls, d'autres de renoncer et d'adopter le comportement le plus égoïste qui soit. Ce système en apparence très propre ne cache qu'un malêtre intense, conséquence d'une blessure profonde qui ronge tout un pays. Comme un concours de Miss, où les femmes sont parfaites, les bikinis sur mesure, les sourires de sortie, alors qu'en coulisse rien ne va. C'est tout un programme d'auto-destruction qui se met en place et qui explose sous nos yeux.
Laura se retrouve donc liée au chef du groupe La Estrella, utilisée comme un vulgaire objet pour en servir les intérêts. Elle n'a pas son mot à dire, juste à se tenir prête à la moindre directive et à obéir, aussi impuissante que peut le dévoiler l'affiche du film. Sa beauté est utilisée, trimbalée, bafouée, et finalement elle en perd tout son éclat, son visage ne cessant de se décomposer tout au long du film. Sa vie ne fait que se résumer à des fusillades incongrues, où les balles fusent autour d'elle, ou encore à des allers-retours en voiture, où les décisions d'agir sont prises par les membres du groupe. Nous sommes donc plongés à l'intérieur de cette organisation et nous découvrons leur combat, leur quotidien. Malgré tout il y a un côté intimiste qui n'est pas exclu, avec cette relation de kidnappeur à kidnappée qui est traitée avec beaucoup de finesse, entre Laura et Lino Valdez (Noe Hernandez). On y découvre le vice, l'impuissance et la destruction, à une échelle plus réduite, et elle se révèle toute aussi marquante.
Miss Bala est donc une retranscription sincère d'un monde en ébullition, condamné à périr, qui n'oublie pas de traiter ses personnages avec beaucoup de finesse. Stephanie Sigman dans le rôle de Laura Guerrero est vraiment éblouissante : Somptueuse et ravagée, elle arrive à transmettre ce malaise profond qui ne cesse de grandir en elle pour lui enlever progressivement tout espoir, toute joie de vivre : Triste conséquence d'une guerre sans fin.
Et finalement, comme pour son amie Suzu : Il n'y a rien à dire. Il n'y a rien à faire.