Pendant longtemps, très longtemps (et presque trop longtemps), j’ai cru avoir affaire à un film mal maîtrisé avec un sujet relativement survolé. Comme l’a justement souligné l’internaute cinéphile frblib3 dans ses lignes, il y a des moments où les séquences s’enchaînent mal tant le montage casse la dynamique du film. Et dans ces moments-là, on sent qu’il manque effectivement quelque chose. C’est une sensation très dérangeante lorsque le film se targue de s’inspirer de faits réels, avec un scénario qui fait penser de loin à "Blood diamond" pour ce qui est de la recherche du minerai, et à "Le loup de Wall Street" en ce qui concerne le personnage principal. "Gold" s’inspire en effet de la vraie affaire de la mine d’or de Bre-X Busang, ayant eu lieu en… 1989. Seulement ni la chronologie des faits
(la société est entrée en bourse avant même d’avoir la fameuse mine)
, ni l’espace-temps dans lequel se déroule cette histoire n’ont été respectés, de plus aucun nom n’a été conservé, une foule de détails ont également été transformés (montants, lieux…), et pour couronner le tout les faits ont même été déplacés à une date antérieure. Mais de la façon dont ce film a été amené, il est impossible pour quiconque ne connaissant pas l’itinéraire de cette entreprise de prospection de deviner les coups de théâtre en fin de film. Ils sont énormes ! Si inattendus que je préfère parler de coups de théâtre que de rebondissements ou de retournements de situation. Le terme est plus fort. Et si ces coups de théâtre sont inattendus, c’est justement parce que les scénaristes et le réalisateur n’ont pas respecté à la lettre le vrai déroulé des faits d’une part, et parce qu’il manque d’autre part des choses entre deux séquences qui du coup s’enchaînent mal. J’ignore si cette façon de procéder a été voulue ou non, mais si c’est le cas, c’est remarquable parce qu’on aurait sans doute davantage vu venir les surprises finales. Le fait est que la première partie ne m’a pas vraiment transporté. L’ascension d’un gars qui veut réaliser son rêve et devenir la fierté de papa (fusse-t-il mort ou vivant), c’est du déjà vu et typiquement américain, rendant cette première partie pas franchement intéressante. Les décors sont beaux, dépaysants, mais ne bénéficient pas d’un traitement visuel de très haute qualité. Après, ça venait peut-être du cinéma dans lequel je me suis rendu (salle 10 du cinéma Le Prado à Marseille), car j’ai trouvé l’image un peu fade, ne donnant pas aux paysages la beauté qu’ils sont censés dégager et qu'ils méritent. Dommage pour la photographie, pourtant d’un potentiel intéressant. En d’autres termes, je n’ai pas été émerveillé par les paysages. La seconde partie est en revanche plus relevée, notamment grâce aux coups de théâtre, sauvant ainsi le film d’une affligeante banalité. Pourtant les acteurs ne déméritent pas : Matthew McConaughey a fait tout ce qu’il faut pour en faire un personnage haut en couleurs de par son ambition. Il a été jusqu’à transformer son corps pour en faire un personnage ravagé par la dépravation, qu’elle soit d’ordre tabagique ou alcoolique. Pour ce faire, il a pris du poids, porté un faux crâne atteint de calvitie et des fausses dents. Il en fait un homme aux dents longues qui s’accroche à ses convictions qu’il avait en lui au plus profond de son être, des convictions renforcées par un rêve au point de les rendre irrésistibles. Doué d’un grand cœur, il en fait un personnage pas forcément sympathique. Edgar Ramirez est en revanche très charismatique, et c’est tout juste s’il ne vole pas la vedette à McConaughey en faisant de son personnage quelqu’un qui dégage une présence folle malgré ses mystères, simplement parce qu’il semble connaître son sujet. Quant à la fraîche et jolie Bryce Dallas Howard, elle amène un peu de charme et de raison dans ce milieu d’hommes qui n’est en fait rien d’autre qu’un milieu de requins comme le sont les mondes de la politique et de la finance. Par contre, la bande originale n’est pas toujours en phase avec les différents moments du film. J’adresserai cependant une mention spéciale au titre "Gold" servi par Iggy Pop, un titre qui fait une première apparition remarquée dans le film parce qu’il colle parfaitement à la séquence qu’il est venu porter, et que j’ai pris plaisir à réécouter lors du générique de fin.