Je viens de mater le dvd et je décide d’enchaîner sur ma critique. Comme d’hab, avant d’écrire, je regarde toujours un peu les critiques existantes pour voir l’opinion générale et là, c’est l’uppercut : je lis des choses qui me font presque m’étrangler !! J’en reviens toujours pas et je me pose une multitude de questions : 01) Y-a-t-il des gens sur Allociné qui ont plus de 20 ans ? 02) Y-a-t-il des gens sur Allociné qui ont vu plus de 30-40 films dans leur vie ? 03) Y-a-t-il des gens sur Allociné pour qui un chef-d’œuvre cinématographique soit autre chose que "Matrix", "American Pie", "Paranormal Activity", "Avengers" ou "Twilight" ? 04) Y-a-t-il des gens sur Allociné qui ont vu des films datant d’avant leur année de naissance ? 05) Y-a-t-il des gens sur Allociné qui ne jurent pas que par le cinéma américain ? (et qui ne soient pas racistes envers le cinéma asiatique par la même occasion ?) 06) Y-a-t-il des gens sur Allociné qui notent un film autrement qu’après avoir juste vu la bande-annonce ? C’est dingue : on vous a tellement souvent convaincu que de grosses merdes étaient des films génialissimes que vous êtes désormais incapables de reconnaître un bon film quand vous en voyez un !! Mais où va-t-on ?!! Quand je lis des arguments comme « le pire super-héros du monde » ou « un sous-Marvel sans intérêt » (là on voit le type qui a juste regarder la bande-annonce et pas le film !!) j’ai envie de hurler !! Pourquoi comparer des choses qui ne sont pas comparables ? Les films Marvel nous présentent des super-héros typiques américains qui possèdent des pouvoirs, ce qui font d’eux des surhommes. Dans le cas de "Red Eagle", il s’agit d’un super-héros (et encore ce n’est pas le bon mot à employer) d’un autre genre, plus asiatique : un simple homme voulant se faire justice lui-même qui possède des compétences martiales et de tirs parce qu’il est un ancien soldat et qu’il continue de s’entraîner afin d’accomplir sa vengeance ! On est plus dans le style vigilante que super-héros : ça ressemble plus à "Un Justicier dans la Ville" qu’à "Captain America" (ce qui s’en rapproche le plus c’est peut-être le Punisher, qui lui aussi n’a pas de super pouvoirs !). Et puis, pour un film thaïlandais, il est quand même bien fait : ça commence dès le générique de début qui n’a rien à envier à ceux des James Bond (Adèle peut même se rhabiller !!). La réalisation est plus que correct et c’est assez lisible à l’écran (toujours bien cadré même pendant les scènes d’action où on n’utilise pas de shakycam : pas d’effet vomitif comme dans les films amerlocs !). L’esthétique a beaucoup été travaillé : comme la plupart des aventures de notre héros se déroulent la nuit, le réalisateur à judicieusement choisit des couleurs et un contraste sombre qui parviennent à créer un univers graphique et une ambiance propre au film qui passe très bien (il ne faut tout de même pas oublier qu’on parle de Wisit Sasanatieng, qui avait déjà fait ses preuves avec les bons "Mah Nakorn", "The Unseeable" et "Les Larmes du Tigre Noir" !) Les scènes d’action ont du punch et les chorégraphies sont vraiment biens foutues avec de superbes ralentis, de bonnes idées (l’image qui passe en mode « radiographie rayons-x » lorsque le héros frappe sur un os ou une articulation), des séquences chouettes (les chiottes, la course-poursuite en moto) et même un énorme moment de bravoure (la première rencontre entre Red Eagle et Black Devil : hallucinante de A à Z !!). Les effets spéciaux sont quand à eux honnêtes mais surtout sobres, retenus de façon à ne pas se retrouver avec des scènes où les CGI sont tellement visibles qu’ils en deviennent dégueulasses comme on peut en voir dans certains blockbusters asiatiques (arrgh, je me souviens encore de "Blast" : horrible !!). Non, le seul véritable point faible du film demeure son scénario : trop simpliste pour être réellement prenant, le discours anti-nucléaire qui nous est proposé n’est pas très subtile (avec en surcroît une vision terriblement négative du gouvernement thaïlandais, qui nous est présenté ici comme des politiciens sans scrupules qui ne souhaite que faire du pognon à n’importe quel prix, parfois même en touchant au trafic de drogue et pratiquant de temps à autre la pédophile : artifice un peu trop facile à mon goût pour justifier que plus les actions du héros), et au final le fil conducteur n’est qu’une banale vengeance. C’est d’ailleurs regrettable, car au niveau des personnages, ils sont plutôt travaillés et mis en avant, même si les secrets de Red Eagle sont dévoilés au fur et à mesure afin de conserver le mystère qui l’entoure (et puis ça permet accessoirement aussi de tenir les spectateurs en haleine), et l’idée de faire de lui un héros accro à la morphine doublé d’un redresseur de torts à la justice radicalement expéditive était originale et bien trouvée. Ou alors, tout nous sera développé dans le second volet puisque le film a été pensé dès le départ comme une histoire en deux parties (d’ailleurs, le surprenant « à suivre » apparaissant à la fin du film ne laisse aucun doute sur ce point !).
Voilà, "Red Eagle" est donc un film thaillandais plus qu’honorable vu qu’elle se situe tout de même au dessus du niveau moyen de la production cinématographique nationale, qui pêche par son scénario mais se rattrape par son héros, son ambiance très noire et de très belles séquences d’action à l’esthétique attrayante. On a tout de même envie de rapidement voir la suite car sa fin à la "Matrix Reloaded" est tout de même carrément frustrante !!!