Tastumi, c'est le nom de l'illustre Yoshihiro Tatsumi, le maître du manga pour adulte, et j'avoue un peu piteusement n'avoir jamais au préalable avoir entendu son nom, ni même celui de son mentor, qui a beaucoup inspiré Tastumi, Osamu Tezuka, le créateur d’Astroboy et du Roi Léo.
Yoshihiro Tatsumi développe son art créatif et se Tatsumi3met à dessiner des mangas. Puis
un jour il se lasse d’écrire pour des enfants et décide d’épicer ses thématiques. C’est la création du gekiga, des mangas sombres qui parlent de sexe, de mort et n’hésitent pas à mettre en scène des personnages tourmentés.
Le documentaire d'animation (genre qui a trouvé ses lettres de noblesse avec Valse avec Bachir) réalisé par le réalisateur de Singapour Eric Khoo( que lui, forcément, je connaissais mieux, notamment pour avoir vu le beau Be with me, rend hommage à cet illustre dessinateur de mangas qui a bercé l'enfance du réalisateur.
Khoo est parti de l'autobiographie de Tastumi « Une vie dans les marges », mais en a tiré un projet plus personnel. Visiblement, comme on peut le voir dans l'entretien présent dans les bonus du DVD, c'est un projet que Khoo portait en lui depuis longtemps, tant il voue un vrai culte à ce dessinateur.
TATSUMI-%A9%20Zhao%20Wei%20Films%20(1)Et Khoo choisit un angle assez original, puisqu'il adapte 5 histoires issues des mangas de Tastumi, et entre chacune de ces histoires, place en fil conducteur la biographie de cet illustre dessinateur, et les différentes étapes qui l'ont amené au gekiga. C'est Tastumi lui même qui fait la voix off, il est ainsi le propre narrateur des passages qui le concernent, immergeant le spectateur au plus profond de sa vie, de son travaiL
Si cette partie là est plutot légère et trés poétique, avec des dessins aériens, presque enfantins, les différentes histoires tirées de l'oeuvre de Tastumi frappent par leur fond sombre, voire terriblement dépressif.
Il faut dire que ces histoires donnent un portrait assez représentatif de la société japonaise des années 60 aux années 70, une société où les plaies de l'après guerre étaient encore bien ouvertes.
.Parmi ces 5 histoires, « Juste un homme » qui aborde la question du sexe sans détour, à travers un vieil homme au bord de la retraite, qui souhaite vivre sa fin de vie avec panache, dans les bras d’une femme, mais que son âge et sa solitidue rattrapera vite, m'a paru la plus forte.
Et les personnages des 4 autres histoires ne sont pas mieux que ce vieil homme : englués dans la solitude (“Good Bye”), le désespoir (“Monkey mon amour”), le remords (“L’Enfer”), l’humiliation (“Occupé”), ils suitent le malheur et la lkassitude morale et physique.
Bref, un film qu'il faut voir lorsqu'on a bien le moral (ce qui n'était pas forcément mon cas lorsque je le visionnais, ca va mieux, merci :o), mais qui est assurément un très bel hommage à un artiste très important de la vie culturelle japonaise et que je suis ravi d'avoir découvert.
http://www.baz-art.org/archives/2012/07/21/24710957.html