A la fin du film, Terri marche, toujours vêtu d'un pyjama, sous un doux Soleil, souriant. Comme si, après avoir supporté brimades et autres maltraitances de la part de ses camarades, il accepte enfin sa différence par rapport aux autres, à savoir son poids.
La différence. Voici le sujet du second film d'Azazel Jacobs. En faisant de son personnage principal un freak marginal, une certaine amertume occupe la première partie du film. Terri est un jeune adolescent en sur-poids, vivant avec son vieil oncle malade dans une maison. A cela viennent s'ajouter les diverses moqueries dont le jeune garçon fait les frais à l'école. Le récit, alors plutôt dramatique, s'engouffre par la suite dans une comédie quelque peu surréaliste lorsque Terri se lie d'amitié avec la « plus belle fille du lycée », devenue marginale malgré elle après s'être faite remarquée en pleine expérience sexuelle durant les cours. Chose plutôt improbable, mais point dérangeant car Jacobs parvient à tirer de ces personnages des portraits touchants et généreux d'adolescents ayant grande difficulté à s'intégrer dans un monde sans pitié. Pour un teen-movie, la balance entre drame et comédie trouve son juste milieu. Drame lorsque la solitude touche Terri ainsi que son mal-être. Comédie lorsque ce dernier partage son amitié avec le principal interprété par John C. Reilly, Chad, un jeune marginal en colère contre le monde entier et ladite « plus belle fille du lycée » Heather. De ce fait, un des points forts du long-métrage est cette apologie de l'amitié. Rejetés par tout le monde, le principal par sa femme et les trois adolescents par la « société lycéenne », en eux quatre, chacun arrive à trouver un bonheur en se tenant mutuellement les coudes. Trois moments subliment cette idée de l'amitié. En premier lieu cette discution écrite entre Heather et Terri durant les cours ou le grand désir du garçon de se lier d'amitié et plus si affinités avec la jeune fille devient réalité. En deuxième lieu cette soirée ou Heather vient chez Terri, qui accompagné par son pote Chad, passent une nuit plutôt arrosée et ou les désirs des uns et des autres s'entremêlent sans forcément trouver une solution, Jacobs préférant laisser planer le doute. Vient enfin cette dernière séquence ou après l'enterrement de la secrétaire du principal, ce dernier, Chad et Terri dînent au café du coin et ou viennent s'accorder des répliques semblant sortir tout droit de la bouche de vieux amis.
Mais l'apogée du côté poignant du film vient durant les dernières minutes ou Terri retrouve le principal dans sa voiture, noyé dans l'alcool et la dépression car rejeté par sa femme. A ce moment, Terri comme nous spectateurs comprenons. Chaque être à son côté freak, chaque personne à un monstre qui dors en lui. Là est le message que semble transmettre Azazel Jacobs.
En ce sens, « Terri » est un film touchant, qui même si quelques lacunes surviennent dans le scénario notamment au niveau des clichés réutilisés, parvient à effacer ces points négatifs grâce à une mise en scène généreuse et sans prétention, propre à ce cinéma indépendant cherchant à s'éloigner le plus possible de la machine hollywoodienne.