L’auteur de Billy Elliot, The Reader ou encore d’Incroyablement fort et extrêmement près, Stephen Daldry, britannique Globetrotter, nous revient avec une fable un tant soit peu niaise sur les affres de la corruption et le bonheur de la justice morale. Favelas, appelé en version originale Trash, est de ces films désuets qui apportent pourtant leurs lots de belles émotions primaires, leurs doses de bons sentiments parfaitement adaptés au support cinématographique. S’exilant, avec dans ses bagages deux vedettes américaines, Rooney Mara et Martin Sheen, au Brésil, le cinéaste britannique livre un de ses films le plus simples d’accès. Favelas, comme son titre l’indique, nous propulse à Rio, loin de cette fameuse plage emblématique, loin des quartiers huppés de cette mégalopole sud-américaine. Nous voilà donc à suivre de près deux, puis trois, gosses déshérités des favelas étant tombés par hasard sur un portefeuille. Ledit trésor cache bien autre chose que les quelques billets qu’il renferme, offrant l’opportunité à ces jeunes justiciers des petits gens de combattre la corruption qui gangrène la politique et l’instance policière de la ville et de l’Etat.
Sympathique, ce script bon enfant est pourtant difficile à rendre vraiment crédible. Seuls contre les ténors du pouvoir en place, trois gosses des rues, dînant de leurs trouvailles dans les poubelles, se lancent dans une croisade héroïque à faire pâlir le plus ténu des justiciers, le tout dans la bonne humeur et l’esprit d’équipe. Vous l’aurez compris, Favelas, par un moyen peu subtil, tente d’émouvoir en mettant en scène des gamins, un petit 14 an au vécu, comme le déclencheur d’une révolution sociale à la moralité impeccable. On apprécie la volonté mais ne pouvons finalement que déplorer la manière, certes attrayante, mais fausse avec laquelle le metteur en scène tente par-dessus-tout de nous charmer, nous autres spectateurs étant restés coincés dans les années 80, moralement. Malheureusement pour Stephen Daldry, le public pense, s’interroge et trouve bien vite les limites de cette petite aventure qui n’aurait rien à jalouser à la niaiserie des productions animées Disney des années 40, malgré tout le bien dont on en pense, à juste titre.
Tout est donc question d’époque, et clairement, Favelas arrive, dans sa construction facilitée, trente ans trop tard. Les méchants policiers n’ont ni conscience ni empathie, tous jusqu’au dernier rongés par le vice et la violence. Inversement, les pauvres habitants des taudis brésiliens sont tous dotés d’une âme bienfaitrice, d’un cœur gros comme ça et d’une volonté pacifique à faire bouger les choses. Stephen Daldry, poussant le vice jusqu’au bout, fait abstraction de toute violence dans les favelas, esquivant le sujet épineux du trafic d’armes, de stupéfiants ou encore d’un taux d’homicides records dans un univers qu’il dépeint comme chaleureux et festif, malgré les ordures que l’on y déverse. En bref, à l’exception du pouvoir au Brésil, tout le monde est bon, gentil et prêt à aider trois marmots à révolutionner le pays. Nous voilà donc bien loin des excellents La cité de Dieu ou encore Troupe d’Elite.
Malgré cette mesquinerie finalement très hollywoodienne, avouons que dans son domaine, Daldry est un artisan très habile. Sa photographie est sublime, sa bande-son légitime et ses acteurs du cru géniaux. Les gamins sont attachants, les décors immersifs et les seconds rôles, les deux vedettes américaines, font le boulot sans rechigner. Favelas est en somme le type de film tous publics qu’affectionne tant l’Amérique puritaine et le monde prenant exemple sur celle-ci. Petit détail qui n’a finalement d’importance que pour nous, francophone, le doublage est tout simplement désastreux. 09/20