Un film que je note en tenant compte du budget et du caractère presque amateur d’une bonne partie de l’équipe de tournage. Il ne faut pas se leurrer, Last Caress est imparfait, comme le sont 99 % des films tournés dans des conditions aussi périlleuses, mais fait partie de ceux qui s’en sortent bien. Beaucoup plus abouti que Blackaria, on sent que les réalisateurs ont gagnés en expérience, en maturité. Mais je commence par le casting. Plutôt une bonne surprise. L’amateurisme ne crève pas l’écran, et si le jeu est parfois un peu théâtral, je dis tout de même bravo. Du coté des rôles masculins (rares), le tueur tient la route, et du coté des rôles féminins, pas de notes trop divergentes. Il est d’un niveau plutôt égal, ce qui est assez avantageux. Malgré un travail des personnages assez superficiel, des dialogues pas toujours bien écrits, le scénario est audacieux, mélangeant fantastique et giallo, histoire présente et flash-back médiévaux, et propose une fin pleine de charme. Il y a du courage même si tout n’est pas amené avec perfection. Mais le point véritablement le plus favorable reste la photographie et la musique. Last Caress est un film d’ambiance, comme la plupart des gialli ou des films revendiquant des inspirations giallesques. Le travail de Double Dragon est franchement exceptionnel. Si le compositeur de Kolobos avait repris trop ostensiblement Suspiria, si Amer se contentait de reprendre des thèmes existants, Last Caress est doté d’une musique totalement originale quoiqu’emplie de citation. Elle est heureusement appuyée par une magnifique photographie. Cette-dernière surprendra sans doute, surtout en tenant compte de ce qui se fait actuellement dans le cinéma d’horreur, plus porté sur les atmosphères crues, cliniques, glaciales ou poisseuses. Riche, pleine d’effets visuels, elle patine littéralement le film d’une ambiance singulière et éthérée. Encore mieux que Blackaria sur ce point.
Alors que penser de Last Caress ? D’abord un film généreux, qui, avec peu de moyen, offre d’excellents effets horrifiques, gores pour certains, un érotisme raffiné, élégant, digne d’un Jean Rollin dans sa manière de valoriser le corps féminin, et offre à la vue et à l’ouïe un spectacle tout à fait professionnel. S’il y a des moments de flottements dans le rythme, ils sont rares, et les séquences d’actions, bien réalisées sont prenantes. Il est évident que si le film avait disposé d’un budget de plusieurs millions, je me serais permis une critique plus sévère, notamment du point de vue des décors (plutôt pauvres pour leur part), mais là, avec les moyens à leur disposition, les réalisateurs font un travail franchement réjouissant, original, et tellement mieux que tant de productions françaises.