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Yannickcinéphile
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3,5
Publiée le 10 janvier 2017
Voici un film mexicain fort peu connu aujourd’hui, sur lequel il est difficile de trouver des informations mais qui fut le plus gros succès du cinéma mexicain en son temps et l’un des plus gros budgets aussi. Cela se voit en fait. Ay, que tiempo senor Don Simon est en effet visuellement un beau spectacle qui conserve un charme certain. La reconstitution d’époque (début du XXe siècle) est élégante et raffinée, pleine de détails, de costumes flamboyants avec ce soupçon d’exotisme hispanique d’outre-Atlantique. Jolis décors donc avec un noir et blanc qui reste soigné même s’il manque un peu de contraste et même si une photographie couleur, compte tenu du cadre très théâtral et cabaret du film aurait été encore plus agréable. Mais cela est un autre souci. Si la mise en scène n’est pas le gros point fort de ce film, en revanche la bande son est un atout. Le film vire en effet volontiers vers la comédie musicale, avec pas mal de numéros dansés et chantés assez longs. Dès le début on nous sert un remarquable morceau de french-cancan, et dans l’ensemble, même s’il faut aimer le style du temps, c’est très plaisant et bien fait. Visuellement élégant, le film propose une histoire qui sent bon le vaudeville bourgeois qui rappellera des auteurs comme Eugène Scribe par exemple, chez lequel je me suis senti parfois, autant que dans certains films de Fernandel ! Léger, un peu brouillon tout de même avec une quantité de personnages sans doute trop importante et une tendance à l’emberlificotage moyennement maitrisé, j’ai passé un bon moment sans rire à gorge déployée. En fait je crois qu’il faut attendre de ce film une pièce de théâtre amusante, et les plongées régulières du film dans l’univers du spectacle ne font que confirmer ce sentiment, jusqu’à l’heureux dénouement. Plus d’ambition, notamment l’exploitation de l’arrière-plan politique (le film se passe sous le Porfiriat) n’aurait pas été de refus. Le casting est bon. Malgré quelques légères phases de surjeu (mais je dirai que ça correspond au style théâtral du film et à une certaine manière d’interpréter le comique à cette époque), les acteurs sont entrainants, talentueux, et bien dans leurs rôles. La fine fleur du cinéma mexicain de l’époque est là, avec Joaquin Pardavé, Arturo de Cordova et la piquante Mapy Cortés. Je ne cite que ceux-là mais il y a d’autres bons seconds rôles, notamment les deux sœurs Mendez. Dans un film qui prend le parti-pris du théâtre et le chemin du vaudeville où tout repose sur le rythme et la vivacité des interprètes, autant dire que l’atout est de poids. J’ai passé un moment bien agréable avec ce film, même si je regrette que l’élégance et le charme du film soient au service d’une histoire somme toute assez basique si l’on excepte les imbroglios auxquels elle recourt pour paraître plus ambitieuse. Une curiosité à découvrir mais ce n’est pas parce que c’est ancien et mexicain que c’est réellement innovant et singulier. 3.5