Remarqué durant le Festival de Toronto 2014, où il fut sélectionné dans la catégorie « Special Presentations », Maggie a dû faire face à l’indifférence la plus totale lors de sa sortie en salles. Et pour cause, pour un budget de 8 millions de dollars, ce film indépendant n’a pu réunir que 187 000 dollars (et des poussières) à travers le monde. Pourtant, ce premier long-métrage pour le réalisateur Henry Hobson avait de quoi susciter l’attention, notamment en la présence inattendue d’Arnold Schwarzenegger dans un tel projet. Et si ce dernier n’est pas exempt de défauts, il n’est pas non plus avare en qualité qui font de lui un film méritant un droit de regard.
Oui, voir l’interprète du Terminator dans Maggie à de quoi surprendre, étant donné que le long-métrage est à des années-lumière de ce que nous a livré le comédien au cours de sa carrière. Ne vous attendez donc pas à un film d’action ni à une comédie estampillée Ivan Reitman (Jumeaux, Un flic à la maternelle, Junior), mais à un drame familial. Alors oui, l’ensemble prend place dans un monde post-apocalyptique dans lequel une pandémie transforme les humains en une espèce de zombies assoiffés de sang. Autant dire que niveau originalité, on a déjà vu mieux ailleurs ! Mais au lieu d’en faire une histoire de survie ou bien un scénario catastrophe comme l’aurait fait n’importe quel blockbuster hollywoodien, le réalisateur et son scénariste ont préféré livrer une autre vision d’un tel postulat, à savoir mettre sur le devant de la scène une relation père-fille, ni plus ni moins. Un récit tout bonnement humain comparable à celui d’un parent confronté à la maladie de sa progéniture (remplacer l’infection de la fille par un à cancer revient au même) qui sait captiver de par l’émotion qui se dégage d’une telle entreprise.
Et si la mise en scène se révèle être tout aussi scolaire, elle n’est pas honteuse pour autant. En effet, Henry Hobson possède suffisamment de savoir-faire pour faire oublier le classicisme de son film et de le rendre touchant au possible. D’une part en créant un univers crédible en tout point et ce pour seulement 8 millions de dollars, battant à plat de couture des longs-métrages bien plus couteux mais ne parvenant pas à atteindre un tel degré de qualité au niveau des effets spéciaux (décors et maquillages). De l’autre en instaurant une ambiance à la limite entre le (bon) film pour adolescents et la tragédie mélancolique via un visuel assez lourd et grisâtre ainsi qu’une bande originale languissante. Résultat, Maggie nous offre quelques séquences peut-être pas aussi marquantes qu’espérées mais qui savent tout de même émouvoir de par leur écriture sans pour autant mettre la tension, ni même la peur (une scène du film à de quoi faire sursauter !), de côté. Faisant preuve d’une efficacité certaine qui ne laissera personne indifférent.
Un long-métrage qui touche également par son casting, essentiellement composé de comédiens pleinement impliqués dans ce projet. Même Schwarzenegger à de quoi en surprendre plus d’un ! Il est vrai que l’acteur n’a pas un jeu des plus fameux, mais il a au moins le mérite d’oser en changeant de registre alors que d’autres se fourvoient dans un style de cinéma qui leur sont propres. Rien que pour cela, un grand bravo à Schwarzy d’effectuer un tel virage et de rendre son personnage tout bonnement attachant comme il peut. Mais s’il ne fallait retenir qu’un seul nom du casting de Maggie, c’est celui d’Abigail Breslin. La jeune fille, découverte dans Little Miss Sunshine (alors âgée de 10 ans) et qui s’est par la suite illustrée via divers seconds rôles non négligeables, affirment ici un talent incontestable que nous ne cessions de voir depuis le début de sa carrière. Ici, elle parvient à vampiriser une célébrité du calibre de Schwarzenegger et à s’approprier avec un naturel déconcertant le film, ce qui n’est pas rien ! Elle porte littéralement le long-métrage sur ses épaules et le fait admirablement bien.
Très loin d’inventer quoique ce soit, Maggie n’a en même temps jamais prétendu à faire autre que de raconter une histoire touchante. Et cela, le film y parvient avec beaucoup de savoir-faire et d’atouts en poche pour réussir son pari. Il est donc navrant que le public ne lui ait pas donné la chance de faire ses preuves, ratant pour le coup une petite surprise issue, encore une fois, du cinéma indépendant. Rattrapez-vous ! Vaut mieux regardez ce long-métrage que les nombreux navets que l’été 2015 nous avait réservé par la suite !