Tiens, tiens, les esprits démoniaques des légendes indiennes... Le rouleau compresseur de la production horrifique Blumhouse ne nous avait pas encore fait le coup ! Cet oubli est désormais réparé avec ce "The Darkness" particulièrement lamentable.
Comme d'habitude, une famille remplie de traumas faciles (le père infidèle, la mère alcoolique, la fille anorexique, le garçon autiste) devient donc la cible d'attaques de forces surnaturelles mais cette fois c'est à cause du fils qui a eu la mauvaise d'idée d'embarquer des galets indiens trouvés dans une grotte. Et les "esprits" qui sont fournis avec ces pierres vont se révéler extrêmement fourbes.
Déjà, ces saligauds prennent l'apparence d'animaux pour paraître plus sympas, ce qui donne à l'écran des scènes franchement hilarantes où la mère de famille croise un loup dans sa maison de banlieue chic et où une mamie se retrouve avec un énorme crotale sur sa table de cuisine (bizarrement, l'esprit dit du buffle ne se matérialise pas, ça aurait pu être marrant un énorme buffle dans le salon !). Ensuite, ils n'ont pas vraiment une hygiène irréprochable, ils sentent apparemment très mauvais et laissent traîner leurs sales pattes pleines de suie partout dans la maison (et souvent sur la jeune fille adolescente d'ailleurs, ils sont toujours dans le coin quand un membre féminin de la famille est dans la salle de bains). Surtout, à part produire de la fumée noire en ouvrant des entrées sur des dimensions diaboliques, ben, ils ne font pas grand chose et sont désespérément peu présents à l'écran, se contentant seulement de vampiriser et d'exacerber les maux de la famille.
Pendant ce temps-là, le spectateur, lui, est consterné devant cette énième déclinaison prémâchée de film de maison hantée par des spectres qui n'ont d'original que leurs origines indiennes. Tous les clichés du genre y passent (il y a même un exorcisme ridicule en bout de course), il n'y a pas à dire, ils sont très forts chez Blumhouse pour nous resservir la même soupe indigeste. L'absence d'effroi de "The Darkness" laisse très vite place à un sentiment de lassitude qui nous ferait envoyer tous ses participants devant et derrière la caméra dans la dimension maléfique la plus proche.
Mais quelle mouche a donc piqué l'excellent Greg McLean ("Solitaire", Wolf Creek") pour qu'il aille se perdre dans un truc pareil ? De même, qu'est-ce qui a bien pu attirer tous ces noms prestigieux dans ce produit purement commercial et dépourvu de toute ambition (Kevin Bacon et Radha Mitchell en tête) ? Les réponses à ces questions sont les vraies ténèbres de "The Darkness".