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Ayant probablement été à la bonne école «autodidacte» en visionnant des tonnes de références sur le genre, Adam Wingard propose une solide scène d’introduction classique mais efficace, suivie comme il se doit de l’exposition de l’ensemble des personnages. Jusque-là, il y a peu de choses à redire. (...) Difficile par la suite de faire tourner son film à plein régime.
Ce souci de narration est également porté sur l’ensemble de la scénographie du film. De la même manière, afin de donner un peu d’originalité à son long métrage, Adam Wingard prend soin de faire faire un peu tout et n’importe quoi à ses acteurs, il n’y a donc aucune crédibilité dans l’action et les réactions de ses personnages. Afin de rendre l’ensemble fun, il semblerait que le réalisateur se permette un peu toutes les solutions possibles pour faire évoluer puis disparaître les membres de la famille un par un. Si cela s’arrêtait ici on serait peut-être indulgent, or, la mise en scène surligne cette maladresse par des effets de style maladroits et clichés (ralentis, cadres ultra serrés pour un montage trop cut, ce qui rend certaines scènes illisibles). En somme, de la conjugaison de grosses carences en résulte une réalisation très passable. Hélas, le scénario ne rehausse pas vraiment le film, entre dialogues risibles et histoire brinquebalante, on hésite à voir le second degré de l’ensemble devant certaines réparties.
Il serait cependant malhonnête de ne pas mettre en avant l’énergie et la sincérité probable de son auteur. Certaines séquences le prouvent par le dynamisme qu’elles tentent d’insuffler au film; mais retombent la plupart du temps comme un soufflé. À peine sauvées par certains dialogues qui, dans le lot, font tout de même leurs effets. Mais ils sont rares. Ajoutons à tout cela une finale (et des séquences entières) qu’on sent venir une demi-heure à l’avance et il ne reste pas grand-chose de ce fameux slasher, tendance du moment. La faute probablement à un réalisateur qui ne maîtrise pas encore complètement sa «patte» cinématographique et qui hésite entre le premier et second degré dans sa filmographie naissante. Entre les lames du ciseau en général, on tranche forcément à vide.
Malgré son énergie débordante, son inventivité de quelques instants, son rythme soutenu et la relative bonne impression que laissent certains comédiens, You’re next n’est en rien le film d’horreur du moment. Plutôt un film surcoté, pas déplaisant pour les moins exigeants, mais difficilement regardable par son manque de rigueur et totalement maladroit par un amateurisme assez gênant, surtout dans sa mise en scène. À défaut du prochain film d’Adam Wingard, un autre réalisateur sera effectivement le suivant sur lequel on posera notre attention.