Avec David et Madame Hansen, Astier s'écarte de là où on l'attendait, mais en même temps, à bien y regarder, il est aussi fidèle à lui même.
Il s'écarte de ce que l'on attend de lui, parce que pendant 7 ans, il a été à l'origine d'une des séries comique les plus suivies de France et que tout le monde voudrait bien le cantonner dans ce rôle d'amuseur publique. Or avec ce premier film, il nous livre une partition plus intimiste avec un casting réduit où les seuls personnages vraiment développés sont ceux d'Astier et d'Adjiani et dans une moindre mesure ceux de Julie-Anne Roth et de Victor Chambon. Le film se construit d'ailleurs comme une pièce de théâtre avec un prologue, 5 actes et un épilogue, avec systématiquement un élément qui fait avancer l'histoire à la fin de chaque acte.
Astier est malgré tout fidèle à lui même, parce qu'en temps qu'inconditionnel de Kaamelott, j'ai pu apprécier, lors de mes nombreux visionnages de la série, l'étendue du jeu d'Astier et sa qualité de réalisateur et de scénariste qui est capable d'écrire brillamment aussi bien de la loufoquerie foutraque que des scènes dramatiques. Et dans ce film, c'est ce second aspect qui prime. On retrouve ici en format 90 minutes ce dont il avait été capable sur les livres V et VI de Kaamelott, à savoir allier une situation globale pas forcément réjouissante avec des éléments purement comiques, qui passent par les dialogues. Ceux ci sont ciselés, écrits spécialement pour celui ou celle qui va jouer le texte, et si les textes qu'Astier s'est attribués restent classiques pour lui, même si emprunts de plus de tendresse et de douceur que dans K, ceux écrits pour Adjiani sont de vraies petites pépites. On est plein d'empathie pour son personnage et on est obligé de la détester tout à la fois tellement ses remarques sont cinglantes et désagréables.
L'épilogue est quant à lui très beau, très surprenant et conclue ce film sur un très belle note.
Astier signe ici son premier film en temps que réalisateur, et on aurait pu s'attendre à bien pire. Pouvait-on espérer mieux ? Peut-être, mais ce n'est pas certain. Sans être LE film de l'année, nous avons ici un premier long-métrage à voir et à revoir, pour l'apprécier à sa juste valeur. Astier a prouvé qu'il était capable de faire autre chose que de la "téloche" comme le lui reprochent certains. Il a aussi montré une vision très personnelle sur la façon de faire les choses, vision qui me sied beaucoup et j'espère que les futurs long-métrages du monsieur seront encore meilleurs (vivement les films K, marre d'attendre là ...)
Bref, allez voir ce film, ça nous changera de la déferlante de blockbusters américains que l'on subit tous les étés.