Un peu décevant que ce premier film d'Alexandre Astier tel qu'un Arthur en blouse blanche avec la tant attendue Isabelle Adjani bouffie d'acide hyaluronique et de botox. Merci les gros plans.
De l'intrigue dramatique un peu pesante, on aurait pu attendre de la montée en puissance un dénouement plus spectaculaire ou du moins, plus subtil que ce conventionnel, si l'on puit dire, double accident ayant provoqué l'amnésie de la patiente Hansen, d'autant plus que l'un des deux était inscrit sur son visage (mention au maquilleur) et devait être connu du personnel de la clinique. Mais rien n'en a été dit jusqu'au moment de la pseudo révélation.
D'autres incohérences ou faiblesses du scénario gênent aussi aux entournures : la décision du renvoi ou de la rembauche, l'inratable anniversaire dont la gamin n'a rien à cirer, l'escalade de la grille de la propriété (ah ben y'a pas), les draps bien frais dans les lits de la maison abandonnée, la fin trop rapidement envoyée, etc.
Les dialogues sont mis en valeur - ou pas - par le jeu des acteurs.
Comme dit plus haut, David est quelquefois la version contemporaine du roi Arthur : de la dérision involontaire (?) ce coup-ci dans son austérité avec le côté bête et discipliné de l'apprenti ergothérapeuthe qui veut juste faire/finir sa journée comme on lui a appris à l'école - et qui n'en demandait pas tant. Cela interpelle justement sur les raisons motivant un tel intérêt pour sa patiente si agaçante à jouer la star (plutôt que la grande bourgeoise d'ailleurs) !
Surjoué le moment de révélation de la scène au fond de la piscine. Et en passant, trop gros clin d'oeil à Luc Besson mais pourquoi pas après tout.
Mme Hansen semble minauder dans ses caprices ou ses silences plus qu'elle ne souffre sous ses lunettes de soleil et sa perruque poivre & sel. Ses quelques sorties pseudo incongrues ou loufoques ont fait rire 3 femmes dans la salle - mais pas moi, ni les autres spectateurs. Pas crédibles. Bien sûr, quand elle est en crise plus violente notre Adjani n'a pas son pareil pour convaincre. Par ailleurs, il m'a tout de même été agréable de retrouver quelquefois les intonations de la voix familière d'Eliane la femme de Pinpon, de la reine Margot, de la fille Hugo, de la soeur Claudel et de la chanteuse de Gainsbourg. On s'y retrouve un peu comme à la maison de famille.
Sauf le jeune Hugo délicieux et excellent dans son petit rôle, les acteurs secondaires jouent aussi avec plus ou moins de bonheur.
La (pas trop chiante) fiancée de David dont on peut s'interroger sur les sentiments que ces deux-là partagent, oscille entre le naturel triste et le surjoué. On sent quelquefois que la scène a été bien trop reprise pour aller jusqu'à paraître forcée.
La première scène du psy est un stéréotype du genre mais il est plus crédible dans sa dernière avec le coup des glaces où son ton est enfin très juste.
La musique d'A. Astier est de qualité, présente sans être envahissante.
Merci aussi pour le petit moment jubilatoire avec la voiture rouge dont la batterie n'a pas déchargé d'avoir tant attendu sous sa housse.
Le style d'ensemble paraît retenu mais ne gagne pas pour autant en intensité dramatique ou humaine. J'aurais attendu mieux, plus subtil, plus fouillé, plus fou du film d'Astier, qui n'est pas mauvais sans être bon. Pour autant, il est fort à parier que ses prochains films seront meilleurs que celui-ci.
Ceux qui ont vu le film et connaissent la chanson, verront dans ses paroles rapportées toutes les similitudes, involontaires ou pas :
"J'ai touché le fond de la piscine (...) / J'me sens tellement abandonnée.
Y a pas qu'au fond de la piscine / Que mes yeux sont bleu marine / Tu les avais repérés / Sans qu'il y ait un regard / Et t'avais rappliqué. / Maintenant, je paie l'effet retard.
(...) Avant de toucher le fond (...) / Sans trop savoir ce qui se passait dans le fond (...)
Noyé() au fond de la piscine / Personne ne te voyait (...) / Jusqu'au point de non-retour (...)
Viens vite au fond de la piscine / Repêcher ta petite sardine,
(...) Petite sœur traqueuse,
(...) Si nous deux, c'est au fond dans la piscine,
(...) Et je n'aurai plus qu'à / Mettre des verres fumés / Pour montrer tout ce que je veux cacher.
Retrouve-moi au fond d'la piscine / Avant qu'ça m'assassine (...)
J'te referai plus l'plan d'la star / Qui a toujours ses coups de cafard.
J'ai touché le fond de la piscine (...) "