Alexandre Astier signe ici un premier film assez abouti sur le sujet assez austère et risqué du trouble psychiatrique. Ecrit, joué, réalisé, monté, mis en musique par lui, ce film se veut évidemment le reflet de sa personnalité et aussi surement de des peurs et de ses obsessions. Quand on connait bien « Kaamelott », on sait que la dépression nerveuse, la peur de la mort aussi, sont des thèmes déjà très présents, surtout à la fin de la série. Si scénaristiquement, on voit quand même assez vite où il veut nous emmener ici, s’il n’y a pas dans ce film de gros coups de théâtre ni de pirouettes, ça n’enlève rien au côté soigné de « David et Madame Hansen ». C’est un film où tout a visiblement été ciselé au millimètre : la musique est belle mais jamais envahissante, l’interprétation est très juste, jamais dans un excès qu’on aurait pu craindre sur un sujet comme celui là, les décors de Suisse ou des Alpes françaises sont magnifiques, le rythme est soutenu et on ne perd jamais le fil de ce film assez court (moins d’une heure et demi, c’est devenu rare dans le cinéma d’aujourd’hui). Je voudrais aussi souligner la performance d’Isabelle Adjani, qu’on retrouve enfin au cinéma, quelle casting pour un premier film que cette actrice merveilleuse, qui a souvent été paradoxalement victime de son talent et des rôles exaltés qu’on lui faisait tenir. Ici, en femme blessée qui alterne les moments de folie douce (elle sort des vérités très à propos !) et les moments de souffrance muette, elle en impose à l’écran comme seule les immenses actrices savent le faire : dans certaines scènes, c’est bien simple, on ne regarde qu’elle ! Alors évidemment, « David et Madame Hansen » est aussi un film plein de petits défauts : la fin est un peu « facile » et un petit peu téléphonée, le message du film (une critique de la psychiatrie médicamenteuse au profit d’une démarche plus audacieuse) est un peu faible et il y a des situations qui auraient pu être mieux exploitées (la relation entre David et sa fiancée, l’attitude un peu décalée du jeune Hugo, etc…), l’humour est utilisé avec une parcimonie qui peut décevoir, mais dans l’ensemble, ne comptez pas sur moi pour chipoter : fans d’Alexandre Astier je suis, fan d’Alexandre Astier je reste !