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Alors qu'on attend toujours la suite de Kaamelott sur grand écran (depuis 2009 qu'on poireaute), Alexandre Astier débarque là où on ne l'attendait pas et livre David et Madame Hansen, un mélodrame touchant et simple où il fait face au monstre Adjani. Pour ses premiers pas au cinéma, celui qui est encore considéré par beaucoup (à tort) comme un saltimbanque télévisuel était attendu au tournant. Du coup, il a pris un autre chemin, plus intéressant. On vous explique pourquoi en quelques mots...
ADJANI
Qu'Alexandre Astier s'enjoigne les services d'une figure comme Isabelle Adjani a surpris tout le monde. Et sûrement lui en premier lieu puisque le film s'appelait M. Karlsson et devait mettre en scène Alain Delon avant que ce dernier ne carapate au dernier moment. On ne saura jamais si on a gagné au change, mais la présence d'Adjani, d'ordinaire à la limite du supportable, est un plus indéniable pour le film. Qui d'autre qu'elle aurait pu jouer cette patiente amnésique et hors d'âge à l'attitude exécrable et au port de tête hautain. Adjani se joue de l'image qu'on a d'elle et en ressort comme neuve, Astier prenant bien soin de faire de son film un démontage progressif du cliché Adjani, malmenant une actrice devenue avec bonheur une victime volontaire d'un manège qui la recrache comme neuve. On retrouve ça et là des tics "deloniens", que l'actrice s'approprie avec aisance. Madame Hansen est imbuvable, drôle et au final incroyablement touchante.
ASTIER
Bien sûr, si Astier réalisateur ne met jamais en exergue l'acteur (voir la scène qui l'introduit, le faisant traîner la patte depuis l'arrière-plan), il n'en reste pas moins le dialoguiste qu'on aime tant. Les répliques fusent, font très souvent mouche, et on retrouve immanquablement le phrasé et le verbe du cinéaste. Bien sûr, sa réalisation aurait gagné à aller jusqu'à bout, semblant s'enfermer dans un carcan qu'elle s'impose à elle-même pour finalement manquer parfois d'ampleur et de détails. Mais la touche d'Astier est là, jubilatoire. Délaissant peu à peu l'humour au profit d'émotions brutes et sincères, le film finit par exploser dans des scènes fortes et prenantes, et plus particulièrement une séquence presque irréelle plongée dans une piscine vidée de son eau.
ENSEMBLE
Au final, c'est bien la volonté de mélange d'Astier qui fait la force du film et la sienne en général. Après avoir mélangé burlesque et heroic fantasy, il mixe son univers et celui d'Adjani, l'humour et la tragédie. Il mélange des personnages qui n'aurait jamais dû se rencontrer et filme leurs interactions surréalistes. Entre cet ergothérapeute et sa patiente. Entre eux et un frère et un sœur qui viennent de perdre leur père. Entre ce héros simplement normal et son patron chtarbé. Tout le monde a un grain dans David et Madame Hansen. Et ce sont les rencontres entre ces gens hors-du-commun que vont naître de jolies plages d'émotions, de tendresse et de sincérité.