Alexandre Astier, artiste décidément polyvalent, s'aventure avec ce premier long-métrage dans une voie où on ne l'attendait pas forcément. En effet, si les fans de Kaamelot reconnaîtront bien dans les dialogues drôles et féroces la patte d'Astier, dans David et madame Hansen, c'est avant tout un drame humain qui se joue. Pour présenter le contexte, c'est une sorte de road-movie entre la Suisse et la France où un simple ergothérapeute, d'abord dépassé par les réactions de sa patiente instable et imprévisible, va finalement l'aider à « exorciser » son traumatisme. Isabelle Adjani fait des étincelles dans le rôle de cette malade insupportable, tantôt désobligeante, tantôt fragile comme une petite fille. Ses affrontements verbaux avec David font mouche (tout en ayant son style à lui, Astier se rapproche de l'esprit d'un Michel Audiard, avec des dialogues percutants et rythmés), l'alchimie a vraiment bien pris entre les deux acteurs. J'ai été surprise de lire dans certaines critiques spectateurs que le jeu des acteurs secondaires laissaient à désirer, en particulier celui de Julie-Anne Roth : je prendrai leur défense en avançant que ce sont peut-être plutôt leurs personnages qui manquent de relief, tant le scénario est concentré sur madame Hansen (mais quel personnage payant, on ne va pas s'en plaindre !). En outre, je trouve que le jeune Victor Chambon se défend très bien, et, dans le rôle du directeur de la clinique, Jean-Charles Simon apporte une touche de fantaisie délectable, ses deux apparitions sont mémorables. Alors, certes, la révélation finale n'est peut-être pas le twist de l'année. Mais la façon dont elle est amenée est tout à fait surprenante, au début de la scène, on se demande où il veut en venir avec ce jeu (je n'en dirai pas plus !), mais c'est bel et bien le climax du film. Après cela, pour être honnête, la fin faiblit un peu, mais sans pour autant tomber dans le happy end niais. Ce premier long-métrage n'est peut-être pas parfait, mais je l'ai apprécié en tant que tel ;) même bancal, un film d'auteur fait avec sincérité est pour moi plus enrichissant qu'un blockbuster maîtrisé mais hyper-formaté !