Avant toute chose, il convient de savoir vous pénétrez dans l'antre d'un fan absolu des comics du tisseur, du berceau du héros signé Stan Lee, The Amazing Spide-Man, à la version plus contemporaine Ultimate. Ceci étant stipulé, nous pouvons entamer cette critique on ne peut plus subjective, mais après tout, laquelle peut prétendre ne pas l’être ?
La nouvelle franchise signée Marc Webb confirme avec ce deuxième opus son statut de reboot réussi. Le cinéaste réussit à s'émanciper de la première trilogie de Raimi, tant sur le fond que sur la forme. La réalisation survitaminée donne lieu à des scènes de haute voltige et de combats aériens ultra-jouissives. On sent que contrairement à son prédécesseur qui a préféré tisser des intrigues aux tons philosophiques, non moins intéressantes d'ailleurs, le réalisateur est soucieux de puiser dans l'essence du comics original. Il surfe constamment sur une vague d'humour savoureux et sait se montrer d'une générosité rare en matière de divertissement,
le combat final entre Peter et Le Bouffon Vert se déroulant dans la tour d'horloge est absolument divin et d'une maîtrise technique frôlant la perfection
, tout comme Stan Lee dans son œuvre maîtresse The Amazing Spider-Man, qui n'avait d'autre intention que celle de divertir.
Mais la véritable force de ce deuxième volet réside dans la relation Garfield/Stone, qui contrairement à la première trilogie, ne s'éternise ni ne s'essouffle (nous ne reviendrons pas sur la platitude du jeu des acteurs Maguire et Dunst, comme la crise d'adolescence de Peter dans le troisième opus ou encore son interminable jeu du chat et de la souris avec Marie-Jane durant les trois films). Fortes du développement en filigrane de l'intrigue concernant les parents de Peter et de l'approfondissement de la liaison entre Gwen Stacy et notre super-héros (qui est, petite piqûre de rappel, le pilier sentimental du comics original), les aventures de notre tisseur préféré n'auront jamais été si puissantes en émotion. De l'amour passionné au devoir de protecteur, Webb n'omet aucun aspect de la relation sentimentale de l'homme-araignée, pour finalement sublimer avec une maestria hallucinante une des plus belles et déchirantes scènes de l'histoire des Marvel,
la mort de Gwen Stacy. Cette scène, durant laquelle le héros envoie un jet de toile désespéré aux allures d'ultime main tendue pour empêcher la chute de sa dulcinée, est d'une prouesse technique remarquable, et le bruit à la fois sec, sourd et délicat du choc de la tête de Gwen sur le sol n'est pas prêt de cesser de résonner dans nos mémoires...
Le jeu des acteurs est quant à lui doté d'une grande qualité en plus d'être savoureux, le duo amoureux en tête portant à lui seul le film et rompant avec la mièvrerie du couple Maguire/Dunst.
Le réalisateur ne limite pas ses références à l'essence du comics premier du nom, il s'inspire également de l'univers de la plus récente version, mais non moins excellente, Ultimate, notamment concernant le design des personnages. Electro est transcendant et Le Bouffon Vert bénéficie enfin d'un visuel transpirant la démence et la monstruosité, exit la coque en plastique délavé façon Raimi, même si une carrure et une silhouette démesurées eurent été plus jouissives mais sûrement trop onéreuses à réaliser. Le Rhino reste cependant le seul point noir parmi nos protagonistes tant son allure de robot-nain à la Power Rangers se révèle ridicule. Toutefois, son apparition n'étant qu'amorcée, attendons de voir la suite dans le prochain volet des aventures du tisseur. Bref, même si Webb ne respecte pas les comics à la lettre (Electro et le Bouffon Vert entre autres) et remanie le scénario, il préserve leur essence et orchestre une adaptation moderne spectaculaire, visuellement sublime, dans la veine des œuvres maîtresses.
Malheureusement, tant de qualités se voient déparées par des défauts encombrants. A trop miser sur le caractère sensationnel, le réalisateur se perd dans la surenchère d'action et d'effets visuels, à tel point que les deux heures de film menées tambour battant au rythme effréné de ce spectacle survitaminé, finissent par éreinter. Le cinéaste se laisse également emporter par l'envie de sidérer le spectateur et néglige parfois la crédibilité.
Entre autres, la scène de sauvetage par le tisseur des citoyens menacés de s'électrocuter en touchant la rambarde ne relève plus du talent de super-héros mais bien de la puissance divine.
Au final, Webb gomme les défauts de la première trilogie et ose s'en affranchir en imposant une nouvelle dimension plus inspirée des comics, à la fois décontractée, puissante, émouvante et visuellement ébourrifante, mais néglige parfois la cohérence, privant de peu The Amazing Spider-Man : Le Destin d'un Héros du statut de l'excellence. Reste un spectacle visuel absolument sidérant, dans la digne lignée de l'esprit Marvel,
annonçant une suite des plus explosives et alléchantes sur les Sinister Six
, dont les fans, contrairement à ceux de Raimi, devraient être ravis. On ne peut pas plaire à tout le monde.