Rumpelstiltskin est un petit film d’horreur assez gentillet et vaguement humoristique dans la ligne de Leprechaun ou des Ghoulies, mais ma foi il reste un honnête divertissement.
D’abord l’actrice principale est plutôt efficace dans son rôle. Il est d’ailleurs un peu dommage qu’après un début qui donne l’impression d’un film un peu plus profond que de coutume dans le registre, Jones ne nous contente pas pleinement ensuite de ce point de vue, en offrant à son actrice les moyens de faire davantage étalage de son jeu assez plaisant. A ses cotés Allyce Beasley est aussi très juste, en revanche le casting masculin (et donc Tommy Blaze en tête) est un cran en dessous, à la fois moins solide dans l’interprétation et doté de personnages moins enthousiasmants. Reste tout de même Max Grodenchik dans la peau de Rumpelstiltskin qui est lui très efficace. En plus le travail de transformation est vraiment brillant.
Le scénario part donc sur des bases assez originales, d’une part en s’intéressant à un personnage assez rare au cinéma, et d’autre part en essayant de donner une réelle profondeur psychologique à son héroïne. A la vérité très vite Rumpelstiltskin se transforme en sorte de nain maléfique très basique, et l’aspect psychologique est mit de coté au profit d’un métrage qui verse plus aisément dans l’action, mâtiné d’un humour « leprechaunien » pas désagréable mais un peu superficiel. Il n’y a donc rien de très singulier dans cette bande, mais le rythme est efficace, avec une bonne gradation, il y a quelques séquences étonnamment réussies pour une petite série B si méconnue, et Rumpelstiltskin est vraiment un antihéros très amusant à suivre dans ses exactions.
Coté réalisation je dois dire que c’est là aussi une bonne surprise. Mark Jones se tire sans difficulté d’un travail pourtant pas simple par moment. Il arrive notamment à livrer une course poursuite avec un poids lourd assez impressionnante, à donner une étonnante ampleur à son film (le début est digne d’un bon métrage d’heroic-fantasy !), et à rattraper par une caméra habile et dynamique beaucoup de scènes pour lesquelles pourtant le budget manquait visiblement. La photographie est inégale. Très agréable dans les dix minutes du début racontant l’origine de la créature, avec une esthétique fort plaisante, elle devient malheureusement plus quelconque dans la période contemporaine. Je pense que Jones aurait fait un meilleur pari de placer son histoire résolument dans le passé. Quant aux décors ils sont assez sympathiques, variés et corrects, je n’ai rien de plus à dire sachant qu’il ne s’agit pas non plus d’un élément décisif ici. Je précise que Rumpelstiltskin ne fait pas peur. Il ne faut pas s’attendre à des frissons, et d’ailleurs il y a très peu d’effets horrifiques. Le plus violent (et qui annoncé pour le coup un ton nettement plus gore) se trouve dès les dix premières minutes. Il pourra faire mal, mais ensuite c’est à des années lumières. En revanche superbe travail de transformation sur Grodenchik, je tiens à le redire, avec un monstre qui a vraiment fière allure. Pour le reste la bande son est acceptable, mais d’un niveau global assez basique.
En clair Mark Jones nous sert une petite série B avant tout distrayante plutôt qu’horrifique. Son métrage est globalement plaisant à suivre, et réserve de belles surprises en paraissant clairement plus fortuné qu’il n’est réellement. Maintenant l’ensemble reste tout de même très sage, on ne peut pas dire que l’originalité soit franchement au rendez-vous, et il n’a pas non plus un énorme point fort à mettre en avant. Je lui donne 3.