"Parlez-moi de vous" est un film égocentré, qui se focalise trop sur un personnage principal extrêmement caricatural
(nettoie tout avant de s'asseoir, très habillée, les branches d'arbres qui la gênent, voix condescendante, réac (les jeunes ne peuvent pas sortir avec des vieilles), enlever les chaussures en rentrant, payer le mois de sa femme de ménage en avance par pitié, les allergies pour pas aider dans les associations)
au détriment des protagonistes secondaires plus touchants, sensibles et nuancés
(Lucas et ses soucis amoureux ainsi que ses doutes professionnels; la mère qui vit mal le passé tout en assumant son choix obligé)
, le tout dans un univers binaire Ville Vs Banlieue qui accumule les poncifs
(les gens des villes sont des riches maniérés, ceux de la banlieue sont des simplets qui vivent du Secours Populaire)
. Cela est bien dommage, car le pitch de la fille qui retrouve sa mère, tente de comprendre les raisons de leur séparation
(dans un contexte compliqué à l'époque avec l'avortement diabolisé notamment, élément peu développé malheureusement)
et en expérimente les conséquences paradoxales
(elle a été abandonnée donc refuse de s'attacher, rejette l'autre tout en souffrant de la solitude)
était très prometteur. Seulement il est traité de manière exécrable (à la fois sur le fond et la forme), avec la réalisation molle et monotone de Pierre Pinaud, l'alternance entre l'excès de bavardages et la multiplication des silences, des dialogues radio d'une platitude incroyable, trop de musiques tire-larmes, une symbolique peu subtile et expliquée comme si on était pas capable de comprendre soi-même
(les fleurs fanées, la métaphore du bâton)
et une issue à l'image du film: bête
(la séquence "Dis-moi que tu m'aimes" à l'hôpital est stupide; le discours hypocrite récité à la fin à la radio est risible)
, égoïste
(y en a que pour Claire)
et torchée
(le succès photo expéditif de Lucas)
. Même les touches humoristiques échouent
(hormis le petit gag de la chaise)
. Côté casting, Karin Viard force le trait, Nadia Barentin est émouvante et Nicolas Duvauchelle est le vrai point positif d'un film au potentiel ruiné par le scénario et ses partis pris maladroits et ennuyeux.