A vu « Marius » (3/5). Touchante adaptation du 1er volet de la trilogie marseillaise de Pagnol. Un film que j’aurais adoré détester, mais non, la magie opère passées les 10 premières minutes. Le décor en carton-pâte et les accents forcés n’y font rien, l’histoire est la plus forte et emporte avec elle tous les atermoiements. Pagnol est éternel et n’a pas pris une ride.
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César est le gérant du Bar de la marine dans le vieux port de Marseille. Son fils Marius fricotte gentiment avec la belle Fanny, elle-même courtisée par le plus ancien mais plus riche Panisse. Mais Marius rêve du lointain, d’aventure, et hésite à s’engager avec la belle. Sous couvert de promesses de mariage, il hésite à accepter une offre de départ…
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Daniel Auteuil n’en finit pas de rendre hommage à Marcel Pagnol. Qui se souvient qu’avant d’avoir été acclamé pour le rôle d’Ugolin dans « Jean de Florette » et « Manon des Sources », il était le héros de comédies burlesques et inimitables telles que « Les sous-doués » ou « Pour 100 briques t’as plus rien » ? Passé au statut supérieur, il revient à la source et adapte encore et toujours Pagnol. Après un « La fille du Puisatier » pas vu, il remet le couvert avec la trilogie marseillaise. Morceau de bravoure quand on sait que Raimu a marqué au fer blanc en 1931 le rôle de César dans l’adaptation filmée par Marcel Pagnol lui-même.
Challenge réussi, il faut l’admettre. Le début du film sent le chiqué et le mastic, mais « Marius » est du théâtre filmé, et le décor laisse vite place à l’émotion. Qui ne se reconnaitra pas dans ce jeune loup qui rêve d’aventure mais si séduisant qu’il ne peut accepter l’amour à sa porte ? Eternel dilemme que celui du choix de vie, ressort dramatique irrémédiable de beaucoup de films marquants (au choix « La nuit nous appartient », « Solaris, « 2001 », « Le mépris », et j’en oublie…). Comme le disait si bien le Joker, tout est une question de choix.
Si Raphael Personnaz fait un Marius un peu palot (au sens propre !), il n’enlève en rien le caractère fougueux du jeune marseillais. La belle Victoire Belezy fait un sosie admirable de Mélanie Doutey et apporte sa fraicheur à la jeune et fragile Fanny. Quant à Daniel Auteuil et Jean-Pierre Darroussin, ces vieux briscards n’ont plus rien à prouver et remplisse leur mission haut la main. Le tableau d’un temps ancien revit sous nos yeux, une époque révolue réapparait avec poésie devant nous. Le plus fragile ne sera pas celui que l’on croit, le drame est en place, rien ne pourra l’éviter.
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Note : 3/5, troublé et touché par cette réminiscence d’un Marseille fantasmé, je me suis laissé emporter par la langue de Pagnol. Ah, l'amooooour!