Sur une thématique assez proche du film d'Angelina Jolie (Au pays du sang et du miel) - les femmes bosniaques violées par les soldats serbes durant le conflit - As if I am not there m'apparait bien plus émouvant, sans concession et troublant. Il s'agit du portrait bouleversant d’une jeune professeur cherchant coûte que coûte à sauver sa peau, en faisant de sa beauté une arme de survie et en séduisant l'un de ses geôliers. Juanita Wilson est en empathie totale avec son personnage, elle parvient à faire passer avec une rare finesse et une grande force expressive tous les états et les sentiments de son héroïne : la peur, la colère, le désespoir, la rage de s'en sortir, la détermination, le courage... Tout sonne vrai, dérange, prend aux tripes.
Ce grand film humaniste placé sous le signe de l'espoir et de la renaissance a récolté tous les suffrages partout où il a été présenté : des dizaines de récompenses dans les festivals, une nomination à l'Oscar du meilleur film étranger et une véritable razzia aux IFTA, les césars irlandais : meilleur film, meilleur scénario, meilleure réalisatrice. La comédienne principale Natasha Petrovic livre pour son premier rôle au cinéma une prestation ahurissante : belle, opaque, toujours digne, elle parvient, même dans les scènes les plus extrêmes, à rester toujours crédible. Ce film, inexplicablement boudé par la presse (avec le plus souvent des arguments aberrants), mérite vraiment d'être vu : c'est un choc comme en voit rarement sur les écrans !