dimanche 9 décembre 2012Anna Karénine
Après « Orgueil et préjugés » en 2005, puis « Reviens-moi » en 2007, Joe Wright collabore une nouvelle fois avec son actrice fétiche, la délicieuse anglaise Keira Knightley, et présente aujourd'hui dans les salles « Anna Karénine », énième adaptation sur grand écran du chef d'œuvre littéraire de Tolstoï.
Synopsis (source : Allociné) Russie, 1874. la belle et ardente Anna Karénine jouit de tout ce à quoi ses contemporains aspirent : mariée à Karénine, un haut fonctionnaire du gouvernement à qui elle a donné un fils, elle a atteint un éminent statut social à Saint-Pétersbourg. À la réception d'une lettre de son incorrigible séducteur de frère Oblonski, la suppliant de venir l'aider à sauver son mariage avec Dolly, elle se rend à Moscou. Au cours de son voyage, elle rencontre la comtesse Vronski que son fils, un charmant officier de la cavalerie, vient accueillir à la gare. Quelques brefs échanges suffisent pour éveiller en Anna et Vronski une attirance mutuelle. Oblonski reçoit également la visite de son meilleur ami Levine, un propriétaire terrien sensible et idéaliste. Épris de la sœur cadette de Dolly, Kitty, il la demande gauchement en mariage, mais Kitty n'a d'yeux que pour Vronski. Dévasté, Levine se retire à Pokrovskoïe et se consacre entièrement à la culture de ses terres. Mais le cœur de Kitty est lui aussi brisé quand elle prend conscience, lors d'un grand bal, de l'infatuation réciproque d'Anna et Vronski. Anna, désorientée, rentre à Saint-Pétersbourg, mais Vronski l'y suit. Elle s'évertue à reprendre sa calme vie de famille mais son obsession pour le jeune officier ne cesse de la tourmenter. Elle s'abandonne alors à une relation adultère qui scandalise toute l'aristocratie locale. Le statut et la respectabilité de Karénine sont mis en péril, le poussant à lancer un ultimatum à sa femme. Dans sa recherche éperdue de bonheur, Anna révèle au grand jour l'hypocrisie d'une société obsédée par le paraître. Incapable de renoncer à sa passion, elle fait le choix du cœur.
Le regard espiègle de Keira Knightley, la mise en scène faste et majestueuse (plans-séquences divins conjugués aux éléments virevoltants que sont le blizzard sibérien à travers la vitre d'un train, la très attendue scène de bal avec ses valses entraînantes, les relations sexuelles entre Anna et Vronski), les somptueux costumes, le montage sonore subtil à nos oreilles (bruits de chevaux au galop superposés aux battements de cœur d'Anna), l'obséquiosité jumelée à la bonté du personnage incarné par Jude Law, la B.O accompagnatrice du compositeur attitré (Dario Marianelli), le charme juvénile d'Aaron Taylor-Johnson … il faut admettre Joe Wright n'a pas lésiné sur la forme de son long-métrage. Bref, tout un programme pour moissonner, pourquoi pas, quelques statuettes dans le domaine technique aux Oscars 2013.
La tragédie tissée en toile de fond est, en revanche, moins négociable avec des dialogues soporifiques propices à l'ennui. Avec Tolstoï, l'appréciation de l'œuvre est souvent binaire : on aime ou on déteste. Malgré une fidélité irréprochable au roman, le film pâtit de longueurs interminables.
Côté casting, rien à reprocher à Keira Knightley, décidément de plus en plus à l'aise dans ses personnages en costumes. Irradiant la caméra de Joe Wright, son jeu est charnel et entier, la fidélité au metteur en scène se lit aisément. Jude Law est également impeccable dans le rôle de l'époux cocu, qui met tout en œuvre pour reconquérir sa bien-aimée. Enfin, saluons le jeune Aaron Taylor-Johnson pour sa partition difficile dans le rôle de Vronski.
En deux mots : Une mise en scène prodigieuse qui masque malheureusement un sujet de fond ennuyeux, pantouflard et soporifique, malgré une critique acerbe de la noblesse russe. Film à recommander aux inconditionnels de la culture russe.