HYMNE A LA VIE : Sous son histoire sombre et pessimiste, "Colorful" est en fait un immense hymne à la vie, à la seconde chance et la rédemption. Makoto se voit transporter par un processus de Métempsychose dans un nouveau corps, pouvant ainsi gagner une seconde vie ; mais c'est une période d'essai, il doit s'éloigner des erreurs du passé et parvenir à convaincre "ses juges" qu'il mérite de ne pas sombrer dans le néant et la mort. La trame n'est certainement pas follement originale mais elle s'assume pleinement. On suit alors les déambulations spirituelles douloureuses de ce jeune adolescent, bouleversé, désireux d'être seul et de ne point perpétuer le lourd fardeau de son existence. Mais peu à peu, les choses changent, au fil des rencontres et des connaissances, Makoto prend gout à la sève qu'il inhale, qu'il absorbe et se rend compte que, peut-être, le bonheur est envisageable. Commence alors une période faite de joies pleines et de profondes désillusions. Le film, à travers un graphisme simple mais réussi, explore les fantômes et les drames de l'adolescence ainsi que ceux d'une société japonaise ( pas seulement ) perdue dans ses propres dérives. Solitude amicale, sociale, familiale, désamour des parents, pensées lugubres, mortuaires, haines, violence, amour, désir sexuel, art : tout y passe et c'est pour notre plus grand plaisir que s'ouvre un océan de possibilités et de question à poser. La réponse, elle, vient à la toute fin, surprenante mais parfaitement logique après réflexion ; "Colorful" se révèle être, au fond, une incitation vers la vie, la croyance à la jouissance sur terre malgré les formes et le caractère tellement emprunt de tristesse et de douleur qui accompagnent l'ensemble des deux heures. Un reproche tout de même ; quelques longueurs nuisent à la qualité de la narration et viennent troubler ce récit qui mériterait d'être tout aussi bien projetés que les navets d'animation fréquemment proposés, connaissant la docilité du public enfantin hélas...