En 2005, Calvaire, le premier film de Fabrice du Welz, avait marqué les esprits. Mais en 2008, Vinyan, son deuxième, avait été pour moi une grosse déception. Quelques appréhensions donc pour cet Alléluia. Mais l'ambiance avait l'air d'être proche de celle de Calvaire, j'étais donc aussi très curieux. Et effectivement, elle l'est. Je dois dire que j'ai été totalement fasciné. D'entrée, le réalisateur impose une ambiance inquiétante. Plus le récit avance et plus on s'enfonce dans un périple noir et macabre où les deux personnages basculent dans une folie meurtrière incontrôlable. La mise en scène est particulière, collant aux corps et aux visages, nous mettant au milieu et au plus près de ce couple psychopathe qui a su se trouver. Cette folie basculant subrepticement de l'un à l'autre des protagonistes. L'image est sombre, moite, intensifiant la sensation de malaise présente de la première à la dernière minute. Au final, cela devient totalement étouffant, flippant et surréaliste (surtout quand on sait que cela est tiré d'une histoire vraie). Les acteurs sont aussi pour beaucoup dans la réussite de l'ensemble. En toute logique, on retrouve Laurent Lucas, tout aussi bon que dans Calvaire. Un visage et une voix qui a eux seuls font froid dans le dos. Il est une nouvelle fois parfait. Mais la vraie bonne surprise vient de l'actrice espagnole Lola Dueñas (Yo Tambien, Angèle et Tony, Suzanne). Elle est terrible, totalement abandonnée au personnage, belle, effrayante et totalement déjantée. Elle est juste prodigieuse. Une des meilleures interprétation de l'année. Dans la production actuelle, Alléluia, comme d'ailleurs tous les films du réalisateur, fait office de véritable ovni. Sordide, dérangeant, noir, sanglant, fascinant. Un vrai parti pris de mise en scène et d'esthétisme, un scénario tordu et tendu (mais pas dénué d'humour), des acteurs habités pour une incroyable histoire d'amour. On en sort un peu hébété, mais surtout perturbé, troublé, fasciné. J'en ai même rêvé la nuit suivante. Un film qui se mérite et à ne pas mettre devant tous les yeux. Fabrice du Welz nous bouscule, c'est rare de nos jours...