Alice et Martin est un film fort, maîtrisé aussi bien sur le plan de la direction des acteurs qu'au niveau de la mise en scène. Les vingt premières minutes sont d'ailleurs à mon avis les plus impressionnantes du film avec le road movie du héros dans une nature environnante et réaliste. Le rythme du film est certes erratique mais cela me semble en accord avec la filmographie de Téchiné, un des meilleurs réalisateurs français actuels. En effet, Alice et Martin est une oeuvre épileptique, violente, irrégulière. Les personnages du film et les relations entre ceux ci sont saccadés, paroxystiques. On retrouve ici avec bohneur tous les éléments de l'oeuvre de Téchiné, les secrets éternels des héros (familiaux ou personnels), la mort qui rôde en permanence (voir la métaphore des charognards dévorant une vahce au début du film). Dans les différents opus du réalisateur des Voleurs, apparaissent des traumatismes physico-psychiques affectant toujours le cerveau, ou tout du moins la tête (l'hémorragie cérébrale dans Ma saison préférée, la blessure au crâne de Dewaere dans Hôtel des Amériques, la bagarre violente dans J'embrasse pas ou dans ce film, la chute dans l'escalier et un coma de nature psychosomatique lié aux remords). Une fin un peu trop explicative ne remet pas en cause la grande valeur émotionnelle de ce film
Un film incroyablement sous-estimé et incompris à sa sortie. C'est tout simplement remarquable du début à la fin, et déchirant de bout en bout. Les personnages sont terriblement attachants et la douceur cruelle de Téchiné nous arrache des larmes à la fois délicieuses et douloureuses. Distribution immense avec un Alexis Loret sublime, un Mathieu Amalric pétillant, une Marthe Villalonga bouleversante et of course, une Binoche merveilleuse. Chef-d'oeuvre !!!
Techiné fait ce qu'il fait de mieux semblerait-il. C'est-à-dire du Techiné. Ca veut dire que c'est vaguement profond, vaguement émouvant, vaguement plein de choses, mais réellement chiant. Un cinéma sans vie, ethéré dans le pire sens du terme, confondant délicatesse et ennui, subtilité et mort tout simplement. Anémique.