« La source », film méconnu de Bergman, se rapproche d’un autre film très célèbre de celui ci : « Le septième sceau ». En effet, tout deux posent leur intrigue dans une période passée : le moyen âge. Ces deux films ont un autre point commun conséquent, l’importance et la place de la religion dans l’intrigue. Ici, Bergman se détache du thème de la mort (« Le septième sceau ») et se rapproche des thèmes de la famille, du viol de l’enfant (pureté perdue) et de la vengeance. On essayera de comprendre, à travers cette analyse, les enjeux du film.Dans « La source », les scènes se suivent avec une belle fluidité assez surprenante de la part de Bergman… Cette fluidité va cependant accentuer l’ampleur de certaines scènes jusqu’à les rendre terriblement atypiques. Le film pourrait même se contenter de ces trois scènes où le talent de Bergman éclate aux yeux.
■La première est celle du viol. Certainement l’une des scènes les plus violentes représentant un viol. Violente, non pas pour les coups reçus, mais pour l’impact que celle ci peut avoir sur son spectateur. Dans le début de la scène, la fille arrive, sereine, heureuse et pure, sur son cheval. Deux hommes et un enfant, très pauvres et vivant certainement dans la forêt, l’abordent et va cela va engendrer une conversation. La conversation se terminera par une sorte de pique-nique improvisé entre la jeune femme, les hommes et l’enfant. Les hommes se rapprochent d’elle au fur et à mesure jusqu’à la menacer avec un couteau puis la violer. Après le viol; la jeune fille, sale, se relevera avec sa jupe levée, les habits abimés ou même déchirés et les larmes aux yeux : c’est la perte de la pureté. Un étrange calme s’installera alors, une grande tendresse même : les hommes remettent leur pantalon avec douceur, les regards et l’éclairage favorisent cette sensation agréable. Puis d’un geste vif, un homme abbatra la jeune femme d’un coup de tronc. L’enfant recouvrera alors, de manière baclée, le corps de la femme avec de la terre.
■La deuxième scène importante sera celle de la vengeance du père. Celui ci, après avoir obtenu la certitude de la culpabilité des deux hommes et de l’enfant dans le viol de sa fille, tuera un à un les deux hommes. Jusque ici, tout est mit en oeuvre pour que le spectateur ne ressente rien à l’égard de ses crimes qu’il peut même juger mérités. Cependant, la violence du regard du père à l’égard de l’enfant annoncera sa volonté de tuer celui ci. L’enfant (battu auparavant par les deux hommes et évidemment incapable encore physiquement de violer une jeune fille) se refugiera alors dans les bras de la mère de la jeune fille violée. Le père ne sera pas touché par le désir de l’enfant de se faire materner, il l’attrapera et le lancera violemment contre le mur, entrainant sa mort.
■La dernière scène primordiale constitue la découverte du corps de la jeune femme par sa famille. Dans cette scène, la famille s’aventure dans la forêt, puis est bouleversée devant l’image de la jeune fille morte. Le père se posera alors des questions sur sa foi. En retirant le corps du sol, une source d’eau apparaîtra subitement. L’espoir renaîtra et la pureté (symbolisée par l’eau) sera restituée à la jeune femme (ses parents lui mettent de l’eau sur le visage). Finalement un bien curieux happy end !
Ce qui se dégage de ces scènes sont des questions essentielles que peut être amené à se poser le spectateur.
Que veut dire la pureté ? Une fille violée est elle impure ? Quand s’arrête l’innoncence de l’enfant ? Un père peut il venger sa fille sans devenir lui même un monstre ? et finalement Dieu existe il ?
Le monologue du père près du corps de sa fille témoigne bien de la présence de ces questions dans le film…
Si le « Septième sceau » est un film sur la mort, « La source » est un film sur l’enfance. Les deux enfants présent dans « La source » sont finalement tués injustement. La religion protège les enfants (en prônant la pureté des jeunes filles et en protégeant l’enfant de la violence), cependant dans cette oeuvre elle est impuissante. Bergman a-t-il perdu foi en la religion ?
http://vingtquatrefoislaveriteparseconde.wordpress.com/2011/07/07/la-source-de-ingmar-bergman/