Depuis plusieurs années, Paul Greengrass s’est consolidé une sérieuse réputation en matière de films d’action, qu’ils soient historico-réalistes ("Sunday Bloody Sunday, "Vol 93") ou juste bourrins ("La Mort dans la Peau", "La Vengeance dans la Peau", "Green Zone"). Et c’est plutôt dans la première catégorie que peut se ranger son nouveau bébé : "Capitaine Phillips". Nous assistons donc à un fait divers survenu en 2009 où un navire de charge, le « Maersk Alabama », dirigé par le capitaine Richard Phillips, dû faire face à un abordage par des pirates somaliens. Comme à son habitude, Greengrass instaure pendant presque deux heures une incroyable tension à son film, rendant l’aventure du capitaine aussi éprouvante qu’elle l’a été pour lui en réalité ; et si cette tension ne s’essouffle jamais, c’est parce que le film arrive à passer d’un genre à l’autre sans problème : on commence par une course poursuite maritime, s’ensuit une phase survival (à la limite des codes du slasher) sur le navire, puis s’enchaîne sur un terrible huit clos claustro. Cette astucieuse construction fait que l’on ne s’ennuie pas une seule seconde et qu’on n’a qu’une envie : savoir comment tout cela va se terminer. Greengrass adopte une nouvelle fois pour une réalisation caméra à l’épaule pour être le plus réaliste possible, mais nous épargne le côté « je-fais-trembler-ma-caméra-comme-un-cinglé-pour-faire-super-pendant-l’action » qui se révèle être souvent vomitif pour le spectateur (il en avait assez abusé dans les deux derniers volets de la trilogie Jason Bourne et dans "Green Zone") : de cette façon, au moins, c’est clair et lisible. Là où le film est aussi une réussite en matière de réalisme c’est dans le respect du fonctionnement et les procédures d’un navire de charge (de vrais employés de la société Maersk ont servi de consultant sur le film !), mais aussi de la dure réalité de la vie des somaliens : on apprend que, finalement, certains d'entre eux sont d’anciens pêcheurs dont le travail a été volé par les occidentaux venus pêcher illégalement dans les eaux somaliennes et qui n’ont pas d’autre choix que de se lancer dans la piraterie pour gagner de l’argent…même si ils ne touchent que des sommes dérisoires sur les millions de dollars des rançons qu’ils réclament et qui finit directement dans les poches de leurs chefs qui, eux, sont de véritables chiens de guerre criminels. A la bonne réalisation, l’atmosphère soutenue et le scénario habile ancré dans la réalité, il faut aussi féliciter le duo qui crève l’écran, Tom Hanks et Barkhad Abdi : pour le premier, c’est la confirmation de son grand retour après "Cloud Atlas" avec une nouvelle prestation de très bonne facture (oui c’est rassurant car avant "Cloud Atlas", les rôles de Tom Hanks nous avaient rarement marqués que ce soit dans "Il n'est Jamais Trop Tard", "Anges et Démons", "La Guerre selon Charlie Wilson" ou même "Da Vinci Code") ; pour le second il s’agit tout bonnement de sa première prestation au cinéma, alors on peut presque parler de révélation (l’oscar du meilleur second rôle est même à portée de main !). La relation spéciale entre le capitaine et ce pirate est la pièce maîtresse du récit et même la colonne vertébrale du film, alors il aurait été dommage qu’elle soit ratée…mais là, elle est vraiment exceptionnelle.
Très bon film d’action et de suspense, "Capitaine Phillips" est certainement le meilleur film de Paul Greengrass à ce jour, et sans aucun doute possible l’un des meilleurs films de cette année 2013 !! Courez le voir sans hésitation !!!