Lors de l’Etrange Festival au Forum des Images, on aime les films assez nihilistes. Il y a deux ans, Kick-Ass y était projeté. Puis c’était le tour de Super, l’année dernière. On a fini par passer au vrai nihilisme, avec God Bless America.
Réalisé par l’ancien comique Bobcat Goldthwait, God Bless America pourrait être interprété comme un Taxi Driver qui aurait très mal tourné. En effet, Frank Murdoch, c’est Travis Bickle qui décide de prendre les armes pour buter tout ce qui gangrène son idée de l’Amérique. Alors effectivement, Goldthwait tape dur, tape fort, nomme ses cibles et exprime ses idées, aussi intéressantes qu’elles soient. Si elles sont quand même bien trop extrêmes et nihiliste pour le commun des mortels, force est de constater qu’elles sont quand même vraiment poussées jusqu’à leur paroxysme, là où n’importe quel autre film aurait baissé de pied. Tout comme Taxi Driver, les scènes plutôt comiques s’enchaînent mais au final, c’est le drame, poignant et terrible qui prime. Ceci ne marcherait pas sans un casting presque parfait, avec Joel Murray, déjà vu dans quelques séries, et Tara Lynne Barr, bien sur, qui forment un excellent duo. Mais ce qui compte, surtout, c’est le reste du casting, avec les parfaitement haïssables Regan Burns, Jamie Harris, Larry Miller, mais aussi des moins connus Dan Spencer & Mike Tristano et même un petit caméo de Jack Plotnick. Dans son combat contre l’Amérique d’aujourd’hui, Bobcat Goldthwait n’oublie heureusement pas de parsemer son film de purs moments de tendresse envers ses “héros“ (ce qui peut déranger, convenons-en), comme cette fabuleuse scène dans le dancing, avec une Mo Gaffney qui tire le maximum de sa scène, ou rien ne transpire du drame qui est en train de se profiler.
Une telle sincérité sort de ce film, qu’il est impossible de dénigrer le travail de sape effectué par le scénariste-réalisateur pour nous exprimer sa vision du monde d’aujourd’hui. De plus, comme c’est parfaitement bien réalisé, passionnant et joué de manière admirable, on ne peut que constater que God Bless America est un sacré coup de poing, aussi réussi qu’étonnant.