J'aime beaucoup le cinéma américain indépendant, sa diversité, sa créativité. On peut citer l'exemple récent de Bellflower dont on a peu entendu parler et qui s'est avéré être une très bonne surprise. God bless America raconte sur le papier l'histoire d'un homme qui se sait condamné par une tumeur et qui veut profiter de ses derniers instants pour massacrer tout ce qui avilit l'Amérique par le biais de la télévision notamment: les stars de la télé-réalité, les présentateurs débiles, etc... Autant dire que dans cette ère où règnent MTV aux USA et Secret Story en France, le nouveau film de Bobcat Goldthwait avait tout pour me réjouir! Finalement God bless America se révèle-t-il être aussi subversif que prévu? Verdict.
En entrant dans la salle, je ne savais pas à quoi m'attendre. Comédie satirique? Serial killer movie? Film violent ou non? Bref, pas mal d'interrogations et d'attentes diverses. Tout ce que j'espérais c'est que le traitement du sujet soit bon car avec une base en or comme celle-là, j'aurais été bien déçu si le résultat était raté. God bless America c'est un peu tout à la fois, le film brasse aussi bien dans la satire que dans le défouloir jouissif. Mais cet équilibre ne sert pas totalement le film, on ne saura jamais où est-ce que l'auteur tente de le situer, même si cela ne nuit pas aux quelques qualités qui sont heureusement bien présentes.
La séquence d'introduction est excellente, d'emblée on nous balance une bonne dose d'humour noir dont je suis particulièrement friand. Ca m'a un peu fait penser à Killer Joe d'ailleurs. Si le film restait sur cette dynamique, je pense que j'aurais hurlé au chef d'oeuvre. Disons que la suite est plutôt sage (pas trop quand même, ouf)
Effaré par la bêtise des émissions "culturelles" et de l'impact que celles-ci ont sur la société qui l'entoure, Frank va se muer en tueur plein de sang-froid pour éliminer ce qui caractérise pour lui le cancer de l'Amérique. Il rencontrera sur sa route une ado barge qui l'accompagnera dans cette folle épopée, formant ainsi une sorte de duo à la Bonnie and Clyde mais sans amour. Juste une volonté commune de massacrer joyeusement toute cette belle bande d'abrutis que la télévision a tendance à trop exposer.
Scénario un peu cruel à la base, et pourtant on le comprend ce bonhomme. Du moins je le comprends. C'est vrai qu'aujourd'hui la culture se perd au profit d'une forme de divertissement qui frôle la débilité complète quand elle ne tombe pas carrément dedans. Enfin bien sûr le fait de tuer tout ce petit monde n'est pas une intention louable, mais voir ça à l'écran c'est quand même un petit bonheur coupable non dissimulé pour ma part!
Globalement le film ne m'a pas paru trop maîtrisé, on a l'impression que le cinéaste a le cul entre deux chaises et qu'il n'arrive pas à aller au bout de son concept. On pourrait lui reprocher le caractère caricatural des personnes "à abattre" mais d'un côté pour être tombé sur MTV plusieurs fois, c'est exactement ça. Assez navrant d'ailleurs...
Dans l'ensemble les bonnes idées fleurissent quand même. Rien que l'introduction en est une, même si volontairement je ne rentre pas trop dans le détail pour ne pas gâcher l'effet de surprise. Mais quelques séquences de croisade contre des manifestations anti-sémites ou contre American Superstarz sont assez jouissives. Je regrette d'ailleurs qu'il n'y en ait pas plus, car on prend du plaisir à voir des têtes à claque prendre leur tarif.
Techniquement le film tient la route. C'est pas l'extase mais c'est très propre et assez bien foutu, malgré quelques giclées de sang numérique pas très belles à voir. Enfin de la part d'un réalisateur que je connaissais seulement en tant que Zed de la saga Police Academy je suis agréablement surpris. Faut dire que quand on a cabotiné l'espace de trois films dans le rôle d'un détraqué dans une saga minable généralement on ne fait pas une grande carrière au cinéma. Quelque part l'ami Bobcat s'en est plutôt bien tiré.
Dans le rôle principal on retrouve Joel Murray, un frère cadet du grand Bill Murray. Ayant une filmographie bien plus maigre et inaperçue que son mythique frère aîné, je trouve qu'il se débrouille très bien dans God Bless America. L'ado est également convaincante, son personnage est rafraîchissant d'ailleurs.
(Suite disponible ici: http://thelastpictureshow.over-blog.com/article-god-bless-america-111660860.html )