Rien ne laisser présager ce que serait ce Bellflower, si ce n’est l’annonce d’un budget de 17 000$. L’histoire de deux jeunes (Aiden et Woodrow) qui, depuis le visionnage de Mad Max, sont obnubilés par l’apocalypse – à laquelle ils se préparent avec la fabrication d’un lance-flamme et toute une armada de gadgets en tous genres, censés les faire régner sur le désert lors du moment fatidique. Néanmoins, ce que Woodrow ne sait pas, c’est que la plus puissante des armes ne pourrait pas le préparer à ce qui sera sa propre apocalypse. Sa perdition. Enfin de toute manière, nous non plus ne nous doutons de rien lorsque commence le film, sous des airs d’agréable comédie romantique, qui fait même parfois rire. Cependant, là où le confort semble s’installer lors d’un court road-trip, l’histoire d’amour qui unit Woodrow et Milly dégénère en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Dès lors, on ne sait plus où donner de la tête et la seule chose à faire est encore d’admirer ce spectacle – à la fois profondément tragique et ô combien superbe – non sans un certain ahurissement, à vrai dire. Les titres sont là, on ne peut plus francs, à chaque nouveau chapitre et pourtant rien n’y fait, la surprise est bel et bien au rendez-vous. N’est-ce pas d’ailleurs cela, le Cinéma avec un grand C ? Celui qui ne peut exister pleinement qu’avec un certain effet de surprise ? En tout cas, le cinéma d’Evan Glodell existe réellement. À travers une esthétique qui lui est propre, ce dernier livre ainsi une pure merveille visuelle, en parfaite adéquation avec sa mise en scène virtuose et son scénario pour le moins tortueux. À vrai dire, si l’on devait donner un nombre de défauts dans ce long-métrage, il est fort probable que l’on pourrait les compter sur les doigts d’une main. D’ailleurs, comme tout le reste, les acteurs se révèlent brillants, d’autant plus lorsqu’on sait que le meilleur d’entre eux est à l’origine même de ce film – dans lequel il aura finalement investi corps et âme. Ainsi donc, Evan Glodell est excellent, troublant et possédé à la fois. Tyler Dawson s’avère très drôle. Enfin, la bande-originale du film demeure elle aussi une très grande surprise. En conclusion, Bellflower est une pure claque cinématographique à qui l’on pourrait presque attribuer le titre de chef-d’œuvre, tant la façon dont est traitée cette histoire d’amour est bouleversante de bout en bout. Evan Glodell est sans aucun doute un réalisateur à suivre de près. Très près.