On pourrait qualifier "Bellflower" de film fou, un vrai long-métrage aussi ingénieux que original. Pour sa première réalisation, Evan Glodell met le feu et pas uniquement avec sa voiture Medusa tout droit sortie de "Mad Max 2" ou son lance flamme, mais aussi dans nos rétines et nos neurones tant le scénario se révèle être à la fois merveilleux, mature et horrifique. Qualifié de film sentimental pre-apocalyptique, la vraie apocalypse a bel et bien lieu, dans l'esprit torturé de Woodrow, jeune homme quelque peu timide et dépressif depuis que sa belle lui a fait un coup de p*te. La première partie du récit retranscrit une histoire d'amour, belle, trop belle à vrai dire mais c'est pour mieux contraster avec la seconde partie ou l'ensemble flirte avec le film d'horreur. "Bellflower" s'amuse à mélanger les genres et à jouer sans cesse avec le spectateur pour qu'au final, il n'y qu'une règle: c'est le spectateur qui décide des actes de Woodrow et de ses amis. Ces différents niveaux de lecture donnent un aspect extrêmement profond sur une histoire pourtant basique qui, traitée autrement, n'aurait pas eu la même intensité que ce qu'à fait Glodell. Un aspect très intéressant du film correspond à l'imaginaire des deux amis Woodrow et Aiden, nourris par les scènes épiques et le goût de l'apocalypse de "Mad Max 2", et en particulier pour le grand méchant du second opus de George Miller, le seigneur Humungous, colosse masqué qui fait régner la terreur sur les terres du Wasteland. Les compères, persuadés que l'apocalypse est imminente, travaillent jour et nuit sur la fabrication d'un lance-flamme ainsi que sur la création d'une voiture capable de cracher des flammes. Le fait que ces éternels adolescents, ancrés dans l'innocence et le manque de responsabilités de leur vie, soient ratrapés par la triste réalité donne un aspect dramatique intense pour au final poser plus de questions que de donner des réponses, le spectateur décidant lui-même si les évenements perpétués sont réels ou se passent dans l'esprit de Woodrow.
Une qualité à souligner est le faible budget avec lequel Glodell a tourné son film. 17 000 dollars environ, ce qui prouve que même avec un faible budget, tant que la créativité et les idées sont de mise, la capacité de faire une petite pépite de cinéma est là, "Bellflower" en est la preuve. La passion pour le septième art d'Evan Glodell se ressent d'ailleurs durant le film, l'acteur citant, évidemment, "Mad Max 2" mais on peut retrouver aussi des inspirations autres comme Hitchcock dans la manière à faire durer le suspense lors des dernières minutes et encore David Lynch ou Fincher dans la gestion du réel/illusion.
Les effets de caméra (soulignons que Glodell a crée lui même les caméras!) donnant un aspect vintage, aux couleurs chaudes saturées et à un esprit complètement apocalyptique, reste aussi un facteur important quant à l'ambiance du film.
Pour un premier long-métrage, "Bellflower" est une grande réussite, un exercice de style maîtrisé et passionant. Un vrai film d'amour dédié au septième art!