Un doc intéressant qui éveille la curiosité. Au début le Rastafari c'était vraiment du n'importe quoi; une pincée de marxisme, un chouilla d'anarchisme, un zest de communisme, trois cuillère de Bible, le tout made in Europe, deux morceaux d'hindouisme incluant la ganja et le surnom the Gong. Mais à verser dans un chaudron de noirs jamaïcains laminés par des générations d'esclavagisme, une indépendance à acquérir, et ayant encore un substrat mental africain pour accueillir une spiritualité qui leur serait propre et unique. Et voilà; après qui peut dire que telle croyance est supérieure ou inférieure à telle autre, surtout quand c'est le pratiquant qui fait la différence? Mais la grande originalité de ce film réside dans le fait qu'en plus d'avoir été attaqué violemment et physiquement pour sa culture, le mouvement rasta le fut aussi et surtout pour sa velléité d'indépendance fiscale et bancaire. Oh le grand tabou! Oh les fous! Que n'avaient-ils pas fait! Quelle résonance aujourd'hui ! Ainsi, et seulement ainsi, la lutte, la même, continue, dans le grand n'importe quoi de la société pseudo-mondiale actuelle, même pour qui ne connaît pas l'histoire évoquée dans ce doc, car c'est le pratiquant qui fait la différence. Donc je suis plus dubitatif quant à la récupération du mythe rasta/marley même quand c'est par des puristes, pourtant gens du peuple, jamaïcains, qui valent quand même mieux que les compagnies majors. Et je suis carrément sceptique si on associe le visage d' Obama avec Howell Garvey Sélassié et Marley, juste parce qu'il est noir et qu'il a pu acquérir un pouvoir que les susnommés désiraient pour leur peuple. D'ailleurs de quel couleur sont les marionnettistes qui l'agitent? Et quelle différence s'ils étaient noirs? Beaucoup pour les noirs en fait ! Mais la grandeur du Rastafari c'est que même défendant à la base une couleur de peau il toucha sans détours et directement beaucoup de causes supposées blanches, sans inviter à un métissage illusoire, mais à la réflexion et à l'action. Jah est grand ! Ce film nous le rappelle.