L’envie de dénoncer quelque chose qui ronge notre société est fort louable. Mais le fait de vouloir le dénoncer à cors et à cris pousse souvent à faire appel aux comédiens les plus en vue. C’est chose faite avec Jean Dujardin, fraîchement sorti du succès retentissant de "The artist", et avec Gilles Lellouche qui enchaîne les rôles les uns derrière les autres (dont certains sont loin d’être dénués d’intérêt) comme si sa vie en dépendait. Le sujet présenté a toujours existé, et s’est même amplifié au fur et à mesure que les années ont passé au cours desquelles les mœurs ont fortement évolué (pas toujours en bien). Mais c’est aussi un sujet sensible et les célébrités ont été visiblement nombreuses à vouloir apporter leur pierre à l’édifice de la dénonciation. C’est sans doute pour ça que nous avons toute une ribambelle de réalisateurs pour nous produire ce qui semble être un film à sketches. Dans les faits, le montage cache cette façon de procéder car "Les infidèles" ressemble plus à un film classique qu’autre chose, en plus superficiel. En revanche, l’interdiction faite aux moins de 12 ans (seulement à la télévision) n’est pas suffisante, et encore moins le simple avertissement en salles comme quoi certaines images peuvent heurter la sensibilité du jeune public : voir des seins passe encore ; voir des culs (y compris et surtout ceux des mecs) passe encore ; voir l’un des personnages tirer sur son élastique dans tous les sens commence à être limite ; mais voir des gens nus en plein coït avec des termes crus d’une part, un manque total de respect d’autre part, avec en prime une certaine bestialité mêlée à un relatif désintérêt hormis pour sa propre personne, là je dis non !!! Non, non et non !! Trop c’est trop !!! Un minimum de bon sens et de tenue, que diable !! Parce que le pire dans tout ça, c’est que ça parait normal… on banalise... ben voyons !!! Comment voulez-vous que les gamins de 14 ans sachent discerner tout ça alors que les hormones commencent tout juste à les travailler ? Alors excusez-moi de ce coup de gueule, mais mieux vaut éviter de montrer ce film aux moins de 16 ans. Car c’est allé trop loin. La preuve, avec la scène supprimée au montage (ah au moins ils sont tout de même eu la présence d’esprit de la retirer) qui montrait Jean Dujardin en plein forniquage dans un hôtel face au World Trade Center, lorsqu'un avion vient s'écraser sur les tours jumelles ! Le début est pourtant prometteur avec la présentation de ces addicts au sexe pris par la patrouille. Mais au lieu d’en faire quelque chose de profond, que ce soit dans les douleurs des uns ou dans le mal-être des autres, tout en le traitant avec un humour léger, on a une approche plus caricaturale, en faisant ressortir le ridicule de cette addiction et de toutes les situations que cette dernière engendre. Aussi, le spectateur normalement constitué sombre peu à peu dans une sorte d’état léthargique pour ne plus rien ressentir si ce n’est un sentiment de désolation la plus complète devant un tel spectacle, avant d'éprouver le profond dégoût suscité par un twist final pourtant annoncé en début de film. Pour autant, notre duo n’est pas mauvais dans son jeu d’acteurs : beaucoup d’états d’esprit passent par leur expression scénique, qu’ils partagent des moments complices en toute simplicité entre potes, ou qu’ils soient face à eux-mêmes. Au bout du compte, on n’est même pas sûrs de voir la dénonciation. Au contraire, on a plus l’impression qu’on nous a livré une notice nous indiquant comment trouver SA voie. Le constat est sans appel : on commence à s’ennuyer assez tôt, et on s’ennuie de plus en plus jusqu’à en jeter un œil sur la montre. Pire : on a beau avoir essayé de l’atténuer ne serait-ce que par l’évocation des erreurs commises aussi par les femmes (cette fois sans leur prêter une quelconque addiction au sexe), la misogynie a été poussée à outrance, à tel point que ça ne nous énerve même pas. C’est d’un tel pathétique que tout ça nous laisse impassibles, renvoyant définitivement le rire aux vestiaires des grands absents. Seul truc de bien : le générique de fin… "Libérééééééééé, délivréééééééé… !!!" Je crois que finalement, il n’y a guère que les indécrottables coureurs de jupons qui sauront apprécier "Les infidèles"… et encore, je ne suis pas sûr, vu comment ça se termine…