Autant le dire tout de suite, à sa sortie en salles, « Deepwater » ne me tentait absolument pas. Malgré son casting, le sujet ne me parlait vraiment pas et même si il y avait des images de qualités, la bande annonce ne me donnait pas envie également de faire le déplacement. Pourtant, j’avais envie de faire confiance à Peter Berg qui est un cinéaste dont j’apprécie le travail et c’est pour cela que je me suis quand même lancé dans ce film lors d’un de ses passages à la télévision.
Tiré d’une histoire vraie, le scénario écrit par Matthew Michael Carnahan et Matthew Sand contient tous les éléments que j’ai déjà pu voir par le passé dans le cinéma de Peter Berg. Héroïsme, patriotisme, engagement, force de la famille, bonne valeurs… Pour son troisième long métrage tiré d’une histoire vraie, Peter Berg manie des ingrédients qu’il a déjà utilisé et nous livre une recette classique et efficace.
Seulement voilà, ça ne suffit pas pour autant pour avoir mon adhésion. Oui, je trouve sincèrement que le film est réussi. Il sent les bons sentiments et l’envie de rendre hommage aux victimes de cette tragédie mais malgré cela, comme je m’y attendais, cette histoire n’a pas su me parler. Je comprends les tenants et les aboutissants, j’ai bien saisi la thématique de la méchante compagnie pétrolière qui pense qu’au bénéfice mais le monde du pétrole en mer ne me parle pas voilà tout.
Du coup, toute la première partie, bien qu’indispensable, m’a paru parfois un peu barbante. La seconde, plus tiré vers l’action m’a plus emballé mais pas non plus au point de crier mon admiration. Je regrette aussi que l’on survole le sujet écologique de cette histoire. C’est limite si on nous parle pas vite fait des oiseaux mazoutés rapidement parce que l’on se rend compte trop tard que c’est un point qu’on a pas abordé. Je trouve ça bien que l’on pense aux victimes même si ça donne un récit un peu lisse mais j’aurais trouvé ça intéressant que l’on ait un autre point de vue dans cette tragédie, que ce ne soit pas juste les gentils ouvriers contre les méchants patrons. Il manque à mon sens un regard extérieur pour équilibré un peu le tout.
Quoiqu’il en soit, la distribution fait néanmoins son travail à commencer par un Mark Wahlberg (Mike Williams), toujours aussi à l’aise à l’idée de porter le costard du parfait héros américain. On est un peu dans la caricature mais ça ne m’a pas choquer plus que ça (surtout que le film met en avant de façon assumé cet héroïsme). L’acteur rend son rôle sympathique et il est suffisamment charismatique pour rendre sa repartie crédible. J’ai bien aimé son association avec Kurt Russell (Jimmy Harrell), toujours aussi bon. Cela me fait toujours énormément plaisir de voir ce dernier à l’écran au point que je pense qu’on aurait pu exploiter davantage le filon.
Pour le reste, chaque comédien est à sa place. Parmi les ouvriers, Dylan O’Brien (Caleb Holloway), Ethan Suplee (Jason Anderson) et Gina Rodriguez (Andrea Fleytas) sont ceux qui s’en sortent le mieux. Pour le méchant patron, le rôle est taillé sur mesure pour John Malkovitch (Donald Vidrine), efficace même si son personnage reste prévisible. Quant à Kate Hudson (Felicia Williams), c’est la plus malchanceuse qui ne semble être là que pour faire de la figuration car tout héros qui se respecte à une gentille femme aimante qui l’attend à la maison…
Même si le film ne me parle pas plus que ça, il réussit néanmoins à me captiver grâce à la réalisation de Peter Berg. Dans son registre, je trouve qu’il est vraiment excellent. Même lors de la première partie plus bavarde, le réalisateur sait donner du rythme à son film et ne nous fait jamais tomber dans l’ennui. Ses plans sont efficaces, j’ai eu la sensation d’être à bord de cette plateforme et le final chaotique nous plonge bien au cœur de l’action. C’est clair, lisible et je ne me suis jamais senti perdu dans ses décors qui ont bien été reconstruit.
Ce n’est peut-être pas la meilleure photographie et le meilleur montage que j’ai vu chez ce cinéaste mais cela reste de très bonne facture. On évite pas le piège du pathos final sensé nous faire tirer la larmichette mais là encore, dans le genre, c’est classique tout en étant bien foutu. La bande originale composée par Steve Jablonsky finit par bien nous enrobés le tout dans son élan de lyrisme.
Pour résumer, « Deepwater » n’est pas aussi ennuyeux que ce que je pensais en grande partie grâce à un casting convaincant et à une mise en scène réussie. Maintenant, même si le film reste bon, je suis quand même resté pas mal hermétique à cette tragédie qui manque d’un regard extérieur pour contrebalancer un peu tout cet héroïsme un peu poussif. Cet univers ne me parle pas, ça n’aide pas non plus mais même je pourrais quand même le revoir du coin de l’œil car malgré tout, ça reste un film maîtrisé qui aurait juste pu aller plus loin en prenant plus de risques.