On dit souvent que les films catastrophes, c’est toujours la même chose…pourtant certains nous marquent plus d’autres car ce n’est pas le genre du film en lui-même qui en fait sa qualité. Ainsi un film catastrophe ça peut s’oublier ("Le Pic de Dante","World Trade Center", "Volcan", "Deep Impact"), ça peut nous faire passer un moment fun ("Poséidon", "Le Jour d’Après", "San Andreas", "2012", "Twister", "The Last Days"), et ça peut être une expérience inoubliable ("La Tour Infernale", "Apollo 13", "Predictions", "Cloverfield", "The Tower", "Backdraft", "The Impossible"). Et bien, c’est de cette dernière catégorie que "Deepwater" fait partie. Nouveau film du sympathique Peter Berg ("Very Bad Things", "Friday Night Lights", "Le Royaume", "Du Sang et des Larmes", "Hancock"), "Deepwater" nous narre l’histoire vraie de Deepwater Horizon, une plate-forme pétrolière louée par la compagnie pétrolière BP pour forer dans le golfe du Mexique le puits le plus profond jamais creusé en offshore, qui explosa le 20 avril 2010, générant un terrible incendie puis une marée noire considérée aujourd’hui comme le plus grand désastre écologique que les USA aient connu (en cinq mois, près de 800 millions de litres de pétrole ont été déversés dans le Golfe et ont menacé plusieurs centaines d’espèces animales !!). Comme il l’a déjà fait par le passé, Berg s’attache à un récit véridique mettant en avant le courage d’une poignée d’hommes solidaires dans l’adversité : on ne parle pas de super-héros mais bien d’héroïsme à l’état pur, c’est-à-dire des Messieurs-tout-le-monde qui arrivent à dépasser leurs limites et leurs peurs face à un évènement mettant leur vie en péril. Avec talent, le cinéaste construit son métrage sur les archétypes traditionnels du film catastrophe, tout en imposant un rythme régulier qui fait vraiment plaisir : d’habitude, ce genre de film souffre de longueurs notamment lors de l’introduction précédant la catastrophe ; mais pas ici, "Deepwater" réussit à vous accrocher de la première à la dernière seconde, une véritable réussite ! Ensuite, le côté « catastrophe » est absolument remarquable : les effets spéciaux sont somptueux et confèrent une qualité visuelle exceptionnelle au film. Je défie quiconque d’oser dire que ce n’est pas maîtrisé : là on sent le budget de 150 millions de dollars géré le mieux possible, pas de gâchis par la fenêtre (quand on voit certains films avec un budget de plus de 100 millions nous pondre des effets immondes, là on est carrément aux anges !!) Mais ce n’est pas tout, le scénario tient bien la route lui aussi (le récit est habilement truffé de signes, métaphores et allusions qui auront tous une résonance plus tard) et se permet de proposer une critique assez violente des grandes compagnies : pourquoi cette catastrophe a-t-elle eue lieue ? Parce que le capitalisme et l’obnubilation de l’argent a encore pris le pas sur la raison, la sécurité et l’humain…et oui, "Deepwater" est un film profondément humain ! Et parlons des hommes justement, le casting est irréprochable : Mark Wahlberg porte le film à bout de bras et est entouré de seconds couteaux particulièrement crédibles (John Malkovich, Dylan O’Brien, Kate Hudson, Gina Rodriguez) et notamment par un Kurt Russell magistral ! Définitivement, il n’y a rien a jeter que ce soit question réalisation, scénario, acteurs ou effets spéciaux : "Deepwater" est l’un des films phares de cette année 2016 : avec une habileté et une justesse flirtant avec la virtuosité, Peter Berg nous livre un solide blockbuster à la fois intelligent, humain et spectaculaire pour nous conter une histoire vraie qui se révèle être une tragédie terrifiante et émouvante. Il serait vraiment stupide de passer à côté d’une telle bobine !!