Alors que se cachent derrière le pseudonyme de Lars Kepler deux romanciers suédois, il est maintenant futile de vanter les mérites d’une littérature policière scandinave non plus en pleine expansion mais bel et bien concrète. L’hypnotiseur, premier tome d’une séries de 8 romans n’est pas meilleur que les autres, qu’on se le dise d’emblée. C’est cependant sur ce bouquin que le choix des producteurs suédois s’est arrêté. Thriller policer relativement traditionnel, en regard à la bibliothèque suédoise, norvégienne et j’en passe, l’on confie sa mise en scène à un cinéaste natif du pays des trois couronnes mais ayant depuis maintenant longtemps officié sur la scène internationale. Voilà donc Lasse Hallström aux commandes d’un film policier pur et dur, alors que le réalisateur s’étant plutôt contenter jusqu’alors de romantisme, de douceur narrative. Malheureusement, le résultat démontre que l’on ne s’invente pas spécialiste sur commande.
Pour ne pas critiquer un livre que je n’ai pas lu, que je ne lirais sans doute jamais à la suite du présent visionnage, j’en ai pourtant lu des dizaines du même genre, difficile pourtant de considérer qu’un romancier digne de ce nom, des romanciers ici, ait pu écrire un polar aussi mal agencé. Que d’improbabilités dans la narration, que de séquences douteuses, de raccourcis hautement téléphonés. Est-ce la patte malhabile de Lasse Hallström qui aura fait d’une intrigue policière plutôt captivante un film hasardeux? Comment prendre le parti d’un film lorsqu’il accumule les invraisemblances, les retournements de situations hasardeux et une maladresse crasse dans les dialogues. Béat à souhait, c’est bien la première fois que j’entrevois d’aussi grandes largesses à l’écriture d’un film d’enquête policière. Inutile de faire le compte des aberrations dont fait preuve le film sans verser dans le racolage, et pourtant.
C’est pourtant globalement bien que l’intrigue se pose, le tout partant du massacre pas franchement guilleret d’une aimable famille suédoise, le tout au couteau, s’il vous plait. Les personnages principaux, aux premiers abords, semblent même plutôt convaincants, fidèles à la psychologie souvent pessimiste des auteurs du nord. Le paradoxe tient à cela. La froideur de la suède hivernale, le caractère atroce d’un multiple homicide, la qualité de la photographie, ces éléments là font que même si le film déçoit souvent, l’on reste captivé par l’intrigue, conventionnelle en regard au contexte scandinave. Sans déplaisir, l’on suit l’enquête, amusé que l’on pourrait être par les maladresses du scénario et l’amateurisme étrange d’un cinéaste pourtant reconnu comme fierté nationale.
Drôle de film, au rythme pachydermique, ce qui n’est pas foncièrement un défaut, qui démontre à la fois le bon et le mauvais exemple. Le bon exemple pour ce qui est du contexte, le mauvais pour tout le reste. Comment faire pour être plus naïf qu’en faisant intervenir la Police les parents du l’enfant en danger en accompagnateur, en faisant couler un véhicule dans un lac aussi lentement que le Titanic? Comment oublier la maladie d’un enfant, comment s’affranchir de dialogues grassouillets qui renvoient parfois certaines séquences à un épisode miteux d’Arabesque? Oui, drôle de film, pas déplaisant surtout du fait que l’on finit par s’amuser, en couple ou entre amis, à dénombré les incohérences, les maladresses. Pour les amateurs de films scandinaves, non pas pour les malheureux qui auraient le mauvais goût de prendre l’hypnotiseur comme référence, je leur conseille vivement de se pencher plutôt sur Headhunters, un direct to DVD nettement meilleur et issu de la bibliographie phénoménale du norvégien Jo Nesbø. 05/20