Pacific Rim était le blockbuster que j’attendais depuis longtemps avec Del Toro, compte tenu du fait que même sur la saga Hellboy il n’avait pas travaillé avec un budget très élevé. Et bien le résultat est efficace, même si on n’est loin de la personnalité habituelle des films du réalisateur. Comme pour Battleship que j’ai critiqué récemment, on a un film à grand spectacle parfaitement assumé qui en donne pour son argent au spectateur.
Le casting est une bonne chose ici. J’avais quelques craintes par rapport à l’acteur principal que je ne connaissais pas, et qui ne me semblait pas avoir le même potentiel que certains de ses collaborateurs à l’écran, qui aurait pu lui voler la vedette. Mais finalement il se débrouille très honorablement, et parvient à s’imposer, même si sa proximité physique avec Rob Kazinsky entre autre pose un peu problème. C’est toujours bien de choisir des personnages singuliers dans un film et d’éviter ce genre de similitudes. Sinon il est bien accompagné par un Idris Elba efficace et charismatique. Il livre une interprétation solide en dépit d’un personnage attendu. Kikuchi pour sa part ne démérite pas et elle parvient à apporter avec un rôle davantage travaillé un soupçon de surprise en plus. Le meilleur reste tout de même Perlman qui apparait certes peu mais qui est doté du rôle le plus excentrique du lot et il se fait terriblement plaisir. Dommage qu’il ne soit pas plus exposé. Le raté du film vient des deux scientifiques, surtout de l’un d’eux joué par Burn Gorman, qui joue un peu les « bouffons du blockbuster ». En général il y en a toujours 1, c’est souvent le scientifique, et c’est un peu indigeste à force.
Le scénario est assez banal, il ne faut pas se voiler la face. Si Pacific Rim est très spectaculaire, l’histoire manque de relief. Un peu trop répétitif, il manque aussi d’un rythme très bien mené, avec quelques trous, notamment dans la première partie, et sa gradation à des lacunes. Le combat final est clairement en dessous du combat juste antérieur, et de fait j’ai eu le sentiment que la conclusion ne rendait pas aussi bien que prévu. En clair j’ai tout de même eu un peu trop le sentiment que Pacific Rim misait un peu trop sur ses qualités visuelles pour tenir la baraque, ayant fainéantisé sur le fond malgré un gros potentiel.
Visuellement en revanche il n’y a rien à redire. On retrouve la maitrise de Del Toro pour les scènes spectaculaires et impressionnantes. Pacific Rim en propose de sublimes, et le réalisateur se démène comme un beau diable pour offrir des plans surprenants. L’ouverture très inspirée de celle de Godzilla version Emmerich en est une. La photographie pouvait être trop sombre, c’était le risque puisque le film se déroule essentiellement de nuit. Au final Pacific Rim reste tout à fait lisible, l’action est fluide, et il n’y a pas de problème par rapport à l’obscurité, où, pour le passage final, à l’eau. Les décors sont spectaculaires, et il y a quelques scènes de destruction de très haut vol. Les effets spéciaux sont totalement au niveau. Les créatures, au design par ailleurs attrayants, les robots, les décors profitent tous de fx qui font parties des meilleurs du moment. Enfin voilà un blockbuster qui dispose d’un thème identifiable. C’est très important dans un film et Pacific Rim n’a pas fait abstraction de cela, ce qui est positif.
Au final on tient là un blockbuster très plaisant, avec d’indéniables qualités visuelles. Reste que Pacific Rim est à mon sens un cran en dessous, dans un registre très approchant, du Battleship de Peter Berg. Il affiche plus d’incohérences (les robots n’ont que les pieds dans l’eau alors que les monstres peuvent plonger, cela signifie-t-il un fond de la mer différent ?) gênantes, un rythme moins enthousiasmant malgré des scènes d’action impressionnantes qui émaillent ces deux heures, le clown du film est assez agaçant, et de manière générale l’histoire à un coté bancal. Une sensation que le spectacle peine à faire oublier contrairement à Battleship. Je lui donne 3.5.