Avec Pacific Rim, Guillermo Del Toro signe son grand retour derrière la caméra après 5 années où son nom a surtout été associé à celui de producteur, notamment pour le cinéma fantastique espagnol (L'Orphelinat, Les Yeux de Julia et dernièrement Mamà). Connu surtout pour son côté film d'auteur, parfois mélangé avec scènes d'actions (Hellboy I et II), le réalisateur mexicain fait un virage à 180° avec son dernier film, un blockbuster que tout enfant aurait aimé réaliser puisqu'il a pour postulat d'opposer des monstres géants et des robots géants. Ceux-ci sont respectivement appelés des Kaijus et des Jaegers, l'originalité de ce film est de faire piloter ses robots par deux humains, par un concept intéressants appelé la dérive, celui-ci consiste à relier les souvenirs des deux pilotes afin de pouvoir interagir parfaitement ensemble. Là on se dit, en plus d'avoir un film ultra-spectaculaire, on va avoir un film avec un scénario intelligent, oui mais... non pas vraiment malheureusement.
Car oui l'action est au rendez-vous et on en prend plein les mirettes grâce à une mise en scène formidablement fluide lors des scènes de combats et donnant une impression de puissance et de grandeur aux Kaijus et aux Jaegers (la lenteur et la lourdeur des coups renforçant cette idée). Mais non le scénario n'est pas si bon que ça, il est loin d'être mauvais mais proposer quelques bonnes idées par ci pas là n'est pas assez, et c'est clairement ce que le film fait, la dérive par exemple donnait place à des tas de possibilités scénaristiques différentes mais celles-ci sont bâclées en 2-3 scènes. De même que la psychologie des personnages, très sommaire pour un blockbuster de ce type, il y a bien quelques passages où elle est mise en avant mais l'écriture des personnages est tellement fade que les scènes le sont aussi, et puis, encore une fois on a le droit à l'éternel cliché des scientifiques aux cheveux gras complètement hystériques qui nous agacent plus qu'ils nous font rire, et en cela (et c'est triste à dire) Pacific Rim se rapproche parfois (sans pour autant en atteindre le niveau) de Transformers dans l'humour pipi-caca tombant ,à chaque tentative de nous faire sourire, à l'eau. Seul le personnage de Ron Perlman arrive à sortir du lot, bien que faisant de courtes apparitions (15 minutes au total environ), son personnage arrive à s'imposer avec grande classe et même à nous faire sourire avec ses punchlines (rien que d y repenser, j'en souris c'est dire). Les autres protagonistes sont victimes de l'écriture terne du long-métrage, et ce, même si Rinko Kikuchi joue parfaitement bien et que Idris Elba à la classe incarnée, concernant Charlie Hunnam, je reste réticent quant à sa performance, il fait son boulot mais nous laisse indifférent quant à son sort et à ses malheurs (
la mort de son frère en tête du podium, en plus d'être vite expédiée, l'alchimie entre les deux acteurs ne se ressent pas vraiment
).
Quelques réserves aussi concernant certains partis pris artistiques à commencer par le choix de faire le film en 1:85 au lieu du 2:35 habituel. Pour ceux qui se disent "hein què qui dit le gars ???" je veux juste dire qu'ici, on a le droit à des bandes noires verticales à chaque extrémité de l'écran, surement pour rendre hommage aux premiers films de monstres (japonais), la culture nippone étant bien sur aux centres des inspirations du mexicain (notamment les premiers Godzilla d'Inoshiro Honda, réalisateur auquel Del Toro a dédié son film avec Ray Harryhausen, décédé il y a peu). Cette démarche est des plus honorables mais à l'écran, elle n'est pas des plus agréable, certains plans (voire beaucoup de plans) donnant l'impression d'être coupés aux extrémités. L'autre réticence tient plus du détail qu'autres choses (attention mode français donc râleur activé), alors non ce n'est pas le fait de ne voir aucun Jaeger français qui m'agace, à moins d'être ignorant (pour rester poli) ou trop jeune pour le savoir (ou les deux) voire de confondre Pacifique et Atlantique, l'océan Pacifique ne "borde" pas la France et donc il n'y a aucune raison qu'il y en ait un dans le film. Non le problème vient plutôt du design des Kaijus, je n'aime pas trop le fait qu'ils aient des marques fluos sur eux (ou même l’intérieur de la bouche fluo), je trouve ça ridicule, encore je comprends que Hong Kong soit décoré ainsi (d'ailleurs j'aime beaucoup le style de la ville dans le film) mais là je ne vois pas trop pourquoi c'est le cas (mode français désactivé). Mais bon malgré tout ces défauts, on a ce pourquoi on est allé voir ce film : DE L'ACTIOOOOOON, Au risque de me répéter avec ce qui est marqué précédemment, le film est une claque visuel et sonore (un peu trop d'ailleurs, au point de donner le mal de crâne), on a en vraiment pour notre argent, dès les premières minutes on nous plonge dans l'action, quelques années après la première apparition de Kaiju évitant ainsi tout le blabla avant la tempête, ici on nous explique la situation pendant 5 minutes puis les combats prennent place juste après. Et que dire de la scène de Hong Kong à part que j'en ai chialé de bonheur, une scène culte à en devenir tellement elle marque une nouvelle ère dans les effets spéciaux et la mise en scène (dans un tout autre genre, Man of Steel l'a fait aussi).
En allant voir Pacific Rim, on a donc ce pourquoi on s'est déplacé, un blockbuster estival et familial dans toute sa splendeur qui accumule les scènes d'actions au détriment d'un réel fond malgré quelques bonnes idées.
Pacific Rim(e) avec épique mais aussi avec classique.