Pacific Rim accède au rang de surprise de l'année. Au risque de me laisser emporter par mon enthousiasme et de le surévaluer, il mérite bien quelques mots. Surprise, parce que même s'il est vrai que j'aurais pu ou dû garder foi en Guillermo Del Toro, il faut bien admettre que rare bande-annonce a autant desservi le film qu'elle devait promouvoir. Je me sens flouée, vraiment, mais cette fois c'est agréable : je règle mon esprit cinéphile sur navet, sur antifilm même, tant Pacific Rim s'annonce laid (1), pour finalement garder la bouche ouverte pendant deux heures, sourire bêta. Film überstylé avant tout -ce qu'il doit grandement au choix de la localisation : Hong Kong, premier d'une longue série d'affranchissements des codes du genre. Et de là, une odeur enivrante quoique subtile de Blade Runner. Mise en scène travaillée, plans maîtrisés et -ô joie- suffisamment longs, relativement audit genre, pour insuffler aux scènes de combat, pas trop nombreuses, un souffle quasi épique, et rendre au cinéma ce qu'il est : suite intelligible d'images. Deuxième affranchissement, donc : un rythme assez lent. C'est sûrement qu'à l'époque de Del Toro, les enfants ne faisaient pas de crises d'épilepsie devant les dessins animés ou les films japonais. Pacific Rim est évidemment un très bel hommage à Godzilla et, il me semble, à son fils Minilla, toujours aussi lamentable puisqu'en l'espèce, il meurt étranglé par son cordon ombilical. Film drôle, grâce à Ron Perlman mais pas seulement : les seconds rôles sont très bien interprétés, et chacun sait depuis... voyons... Prometheus, que cela fait toute la différence. D'une manière générale, le casting est bon, entre récup' et rookies, à l'image des personnages. Troisième et dernier affranchissement sur lequel j'aimerais insister : un discours humble, indépendant, pas trop manichéen ; une superproduction dans laquelle sauver le monde face aux dinosaures conspirationnistes -juifs ?- reste finalement assez accessoire. Bref, c'est frais pour un film d'un genre saigné à mort, et ce parce que contrairement à Zack Snyder, Guillermo Del Toro a du talent et sait gérer les références. Vous l'avez vu, le Balrog ?
1) Il fait si bon dans une salle de cinéma, par ce temps caniculaire.
Si la critique vous a plus, n'hésitez pas à faire un tour sur mon site !