A travers ses films, Guillermo Del Toro n'a jamais caché à quel point son travail était pétri de toute une culture venue d’Asie. A la façon de James Cameron, il a parfaitement assimilé tous ces éléments pour bâtir son propre univers, à la rencontre entre l’occident et l’orient. Avec Pacific Rim, il redistribue les cartes pour ne plus alimenter son film de ces éléments, mais pour carrément réaliser un film qui aurait très bien pu se faire au Japon. En gros, il fait précisément l’inverse de ce qui se fait habituellement, à quelques exceptions près. De cela sort un bon film, sans être un chef d'oeuvre, qui reste dans la droite lignée des blockbusters du réalisateur. C'est immense, d’une beauté à couper le souffle et d’une certaine générosité mais qui a ses défauts. On peut clairement voir que Pacific Rim est, jusque dans les moindres détails, un film de Guillermo del Toro. Mais le véhicule principal reste avant tout l’émotion, soit l’équilibre idéal entre un sens du spectaculaire qui renvoie la grande majorité des faiseurs hollywoodiens à leurs petits jeux sans grand intérêt et un propos beaucoup plus intimiste qui vient donner du sens à l’ensemble. Malheureusement c'est sans doute là que le film se prend un peu les pieds dans le tapis. Scénario misant avant tout sur l'émotion, mais pauvre en originalité et en surprises. Les personnages manquent un peu de profondeur et le duo du geek et de l'intello m'ont tout simplement insupportés. Entre un doubleur français terriblement mauvais et un acteur qui en fait trop, on se perd un peu. Mais heureusement, Pacific Rim accumule les défauts uniquement ici et ensuite, enchaîne les bons cotés. Bercé d’influences aussi diverses que Jurassic Park, Evangelion, Abyss, The Host, Godzilla, La Mouche ou Patlabor, toutes digérées avec passion et retransmises par le prisme d’une œuvre foncièrement originale, Pacific Rim est bien une création de cinéaste “geek” mais avant tout de cinéaste tout court, de conteur d’histoires, de bâtisseur d’images. Guillermo del Toro signe un objet de cinéma à la fois doux et agressif, qui repousse sans cesse les limites de la notion de spectacle au cinéma mais ne se contente jamais de l’argument “bigger & louder”. En partant d'un prologue à la hauteur de nos espérances, le film se base avant tout ensuite sur le spectacle et le résultat est faramineux. Combats entre kaiju et jaegers s'enchaînent et se plongent dans une beauté inégalable. Guillermo del Toro en fait des symboles, chacun bénéficiant d’une identité propre, et mieux encore, d’une histoire. Car si Pacific Rim fonctionne aussi bien et immédiatement, c’est que le réalisateur compose toute une mythologie pour établir les bases de son univers. Pacific Rim bénéficie également d’une dose d’humour non négligeable, avec un Ron Perlman mythique aux punchlines à deux centimes. Clairement, Pacific Rim est d’une beauté et d’un romantisme pur à tomber par terre. Del Toro a remporté son pari. C'est le divertissement de l'été. Seul les personnages et le scénario traînent un peu mais rien n'est détestable et le film se laisse entièrement regarder. Un bon film.