Critique qui fait suite à celle publiée sur le blog que je détiens avec mon collègue blazcowicz que vous trouverez en lien à la fin de mon avis. Vous trouverez donc les deux avis contradictoires sur cet article.
Et oui. La belle harmonie qui régnait ici a été brisée. Il faut dire que je ne pouvais laisser un 7.5 seul en conclusion de la critique élogieuse de ce film qui s'est avéré être, pour ma part, une épouvantable déception. C'est bien simple, Pacific Rim est un film que j'ai déjà vu avant. Je suis même sûr qu'une majorité de personnes ayant eu accès à un cinéma et à une télévision dans les dernières années l'ont déjà vu aussi. C'est bien simple, vous l'avez tous vu. "Mais il est fou! Le film je l'ai pas vu moi m'sieur!" ouïes-je de loin. Oh vous avez vu Independence Day? Armageddon? Transformers ou je ne sais quelle autre oeuvre d'exception? Ah tout de suite vous vous sentez plus concernés? C'est normal puisque Pacific Rim c'est ça mais en mieux filmé. C'est ainsi que je me pose cette question culinaire essentielle: Un étron, enrobé de chantilly, aura-t-il forcément meilleur goût?
Alors ce que je vais dire par la suite peut s'apparenter à du spoiler. Ca peut. Mais vu que vous avez déjà vu le film, au pire ce n'est pas bien grave. C'est bien simple, le scénario de Pacific Rim était déjà pourri à la base mais là il a dépassé la date de péremption depuis un moment, ce qui le rend encore plus moisi et immangeable. "Mais faut pas s'attendre à un film d'auteur en allant voir Pacific Rim !!!". Certes, en revanche on peut s'attendre à un bon film construit sur une bonne base avec un scénario bien plus travaillé que ça. Moi j'en espérais bien mieux de cette histoire de robots géants qui combattent des monstres géants. Rien d'incroyable, juste quelque chose de cohérent et bien écrit. Mais non, le scénario repousse toutes les limites de l'infâme ou presque.
Bon déjà on a ce gentil pilote de robot géant qui perd tragiquement son frère en mission dès le début le tout sous une musique dramatique (clichéééééééé). Ce gentil héros perd donc la foi et change de vie (clichééééééé) mais vu qu'il était génial, son chef va le faire revenir tout en le faisant changer d'avis en 17 secondes (Clichééééééé) grâce à un discours lui demandant si il préférait mourir comme un ouvrier ou COMME UN HEROS LE TOUT SOUS UNE MUSIQUE HEROIQUE (CLICHHHHHH....)... Hum, bon je vais m'arrêter là parce que ça pourrait me prendre des heures, et je n'ai plus envie de perdre trop de temps pour cette daube insipide comme on nous en sort à tire-larigot depuis bien trop longtemps.
Nous voilà donc avec un scénario archi éculé qui se permettait déjà le luxe d'être mauvais. Les personnages sont insipides au possible. A partir du moment où ça cloche à ce niveau, je ne vois aucune implication émotionnelle possible. Leurs psychologies sont survolées, il n'y a aucune émotion qui se dégage. L'histoire de la petite fille qui perd ses parents c'est tragique pourtant mais rien n'y fait. Nous voilà donc avec un héros fade, qui se coltine une nana fade même si on sait déjà dès leur première rencontre qu'il y aura du zizi dans la bou-bouche à la fin (mais ça bien entendu, on ne le montrera pas).
Et en plus, c'est bourré de Deus ex machina. "Mon dieu ces monstres sont imbattables avec nos robots tout récents, on va mouuuuurir"... "Mais non, il nous reste l'ancien modèle. Il est... tadam... Musique héroïque en route.... NUCLEAIRE". Et paf, ça fait des chocapics... Enfin et paf, ça débloque une situation. Il n'y a que ça pendant otut le film, ce n'est pas un scénario, c'est une accumulation de deus ex machina. Il n'y a aucune fluidité, un rythme au ras des pâquerettes et surtout aucune originalité.
Donc on l'a bien compris, archétypes à gogo, stéréotypes et tout le tintouin. Mais Guillermo Del Toro est un as de la mise en scène me souffle-t-on à l'oreillette! Ah? Un as vraiment? Ca y est il réussit l'exploit incroyable qui consiste à stabiliser une caméra et ça devient un dieu. Dès le début, ça puait un peu. En tout et pour tout on retrouvera trois combats dans le film. Rien à dire au niveau des effets spéciaux, le design des robots et des monstres est très convaincant. Peu varié mais convaincant. Le premier combat survient dès les premières minutes, comme une sorte d'amuse-gueule. Et bien, je ne sais pas si ce sont les plans courts, les coupes sauvages dès qu'un coup est donné ou tout simplement le fait que la scène se passe de nuit mais je n'ai rien compris. Tout était rapide, guère lisible et même pas beau quoi.
Pourtant visuellement dans sa globalité le film reste correct. Le vrai gros boulot apparaît surtout au niveau de la photographie. Il n'y a rien à dire pour le coup, elle est vraiment belle, soignée, léchée, tout ce que vous voulez. La réalisation m'a moins convaincu. Moi les plans de 2 secondes dans des scènes sans action pour donner l'illusion d'un rythme et ne pas emmerder Dylan, ça me blase. C'est agressif quoi, c'est bien beau de poser ta caméra Guillermo mais si c'est pour nous sortir une mise en scène banale sur un scénario déjà banal (et nul), c'est quand même pas top. Puis allez, il y a une vingtaine de minutes de combat dans le film. Le premier est nul et les deux autres tellement incohérents qu'ils perdent toute crédibilité.
Parce que bon, le coup des deux monstres qui attaquent pour finalement se séparer dès qu'un autre robot arrive en renfort c'est débile. Pas mal pour une intelligence collective évoluée. Puis le dernier combat sous-marin où le connard de service sauvé par le héros se sacrifie avec le grand chef n'est pas mal non plus. Pour la connerie qui en émane bien sûr mais surtout pour le fait que ce combat sous-marin semble se dérouler en plein air, grâce à des cris te bruitages plus vrais que nature et des débris qui s'écrasent au sol. A priori, Guillermo était un gros nul en sciences.
Les deux derniers combats ont le mérite d'être assez lisibles et dynamiques. Ils sont juste cons. A l'image de ce film paresseux, qui ne joue même pas sur les clichés et qui s'engouffre en plein dedans. Pacific Rim c'est la même soupe hollywoodienne en mieux filmé, à partir de là rien de transcendant. Le film accuse de sérieux problèmes de rythme et de fluidité, ce qui n'en fait même pas un divertissement convenable à mon sens.
Je suis sûr que Guillermo voulait bien faire, qu'il a une réelle passion pour ces gros monstres mais le résultat ne transpire pas de cet amour, le film ne dégage rien, les scènes d'actions restent correctes mais trop rares et bien trop répétitives. Reste un Idriss Elba très bon dans son rôle et l'apparition de Ron Perlman qui a au moins eu le mérite de me faire sourire.
Nous voilà donc avec un bien mauvais film bien loin du blockbuster ultime. Ca ne voulait pas viser plus haut que le film pop-corn XXL jouissif, ça n'en arrive même pas à la cheville. Un beau visuel ne changera rien, Pacific Rim n'assume même pas sa connerie mais prend bien le soin de nous l'enfoncer dans le crâne à grands coups de poings. A jeter. Dans la mer, comme là où la faille surgit de nulle part. A l'eau quoi, non mais à l'eau quoi.