"Dirty Papy", c’est un peu comme si "Very Bad Trip" et "Spring Breakers" avaient eu un enfant hybride. Spectacle gratuit et idiot, ce film met en scène
Jason Kelly, avocat un peu coincé, qui s'apprête à épouser la fille autoritaire de son patron. Autant dire qu'il est désormais bien parti pour devenir associé au sein du cabinet… Mais c'est sans compter sur son grand-père Dick, vieil obsédé sexuel, qui le convainc de l'accompagner en Floride pour quelques jours de vacances. Soudain, Jason voit la perspective de son mariage remise en question, car son grand-père entend profiter de la vie au maximum et embarquer son petit-fils dans ses aventures rocambolesques
... Figure emblématique du cinéma de Martin Scorsese, ayant collaboré avec les metteurs en scènes américains et européens les plus influents de la seconde partie du XXème siècle, de Coppola à Cimino, en passant par Bertolucci, De Palma et Kazan, Robert De Niro n’est rien de moins qu’un monument vivant d’Hollywood. Mais depuis que le réalisateur de "Taxi Driver" s’est entiché de Leonardo DiCaprio, la filmographie de l’acteur n’a plus jamais été la même. Certains appelleront cela une lente descente aux enfers, d’autres un virage artistique risqué. Si les aventures de l’ami Robert De Niro dans le cinéma comique d’outre-Atlantique se sont soldées par quelques franches réussites ("Mon beau-père et moi" et ses seconds rôles chez David O. Russell), le reste n’aura finalement été qu’une longue traversée du désert où le divertissement correct ("Limitless", "The Good Shepherd") a côtoyé l’abominable ("The Big Wedding", "Stone", "Godsend"). Cette nouvelle comédie américaine, rien que par son titre, semble de prime abord à classer dans la seconde catégorie. Pas que la libido du troisième âge soit un sujet inintéressant, mais on est en droit de douter des intentions de son cinéaste, Dan Mazer, rejeton de Ali G, et dont le sens de la subtilité n’est plus à prouver. "Dirty Papy", c’est donc l’histoire de Zac Efron, fiancé tout beau, tout souriant et de son grand-père, campé par un Jake LaMotta en rut, qui prennent la route et se retrouvent au beau milieu du spring break. Le voilà, le scénario du deuxième film de Dan Mazer. C’est bien entendu aussi ridicule que ça en a l’air, et pendant 1h 40min de film c’est une succession de blagues en-dessous de la ceinture, qu’il s’agisse de flatulences ou de sexe, histoire de faire rire les collégiens. Pour une comédie presque aucune vanne ne marche, chaque situation semble avoir déjà été vue cent fois, les personnages n’ont aucun intérêt, il n’y aucune mise en scène en-dehors de la démonstration inepte d’une débauche sans recul, dérision ou talent. Ce n'est pas que l’idée d’un Robert De Niro dans une comédie lourdingue à l’humour "Jackass" ait toujours été répugnante, mais il est vrai qu’on a du mal à comprendre les motivations des producteurs. Probablement que voir Zac Efron péter sur scène devant une foule de filles en bikinis fait rire quelques spectateurs. On se demande encore lesquels. Les personnages sont stéréotypés, et cette "comédie" tâche, multipliant les embardées du côté d’un humour vulgo-trash à grands renforts de gros mots, d'insultes et toutes leurs déclinaisons possibles. De quoi laisser furieusement songeur quant aux intentions de la chose... On ne va pas se mentir, Hollywood nous assène chaque année un sacré paquet de comédies insipides, auxquelles on reproche bien souvent leur extrême sagesse les rendant au final trop plates et convenues pour revêtir un quelconque intérêt. Et c’est d’ailleurs bien souvent celles qui osent un peu pour pimenter leur affaire, qui régalent le plus. Meilleurs exemples, "Les Miller" ou "Very Bad Trip", qui avaient su trouver le parfait mélange entre efficacité des gags et incursions savamment orchestrées du côté du trash impertinent. Avec "Dirty Papy", Dan Mazer n’a justement pas su trouver la recette de ce mélange si délicieusement hilarant. Porté par un De Niro qui lâche la rampe et ouvre à fond les vannes du mauvais goût, "Dirty Papy" a ce tort de vouloir faire dans le trash pour le trash, sans aucun sens du dosage de ses gags les plus extrêmes. Et c’est bien ça qui fait vriller son potentiel comique du côté de l’échec pas consternant mais presque. Le principe de l’humour trash a toujours résidé dans son effet de surprise, dans sa faculté à traverser l’écran au moment où le spectateur ne l’attendait pas, pour mieux le surprendre et déclencher un éclat de rire pris entre les feux de l’halluciné et du désopilant. C’est exactement la juste position de ce curseur que loupe complètement "Dirty Papy". A sans cesse jouer dans la cour d’un humour crassement choquant, le film de Dan Mazer ne surprend que trop rarement, voir jamais, un spectateur n’ayant que pour seul spectacle, de voir à quel point les limites vont être perpétuellement repoussées dans la vulgarité. Et ce qui aurait pu être drôle, s’il venait ponctuer par surprise des scènes parties dans une autre direction, tombe à plat tant le film ne sait pas jouer la carte de la variation de son humour, restant sans cesse sur le même registre d’une impertinence qui, au final, n’en est plus une puisqu’elle représente à elle seule tout le projet. Les amateurs de gros doigts d’honneur au bon goût pourront apprécier "Dirty Papy" à condition de l’appréhender pour ce qu’il est, sans être regardant sur la qualité. La question est de savoir si cela sera suffisant pour prendre un quelconque plaisir devant cette virée qui oscille en permanence entre le rire et le gênant. Je n’irai pas jusqu’à affirmer que "Dirty Papy" n’est jamais drôle, ce serait être de mauvaise foi tant il parvient, de temps à autre, à provoquer quelques rires sauvant la chose du naufrage. Mais de manière générale, Dan Mazer y aurait clairement gagné en efficacité à mieux tempérer ses velléités trash au lieu d’en faire une telle profession de foi excessive finissant par lasser au lieu de se révéler tordante. Vraiment nul d’un point de vue cinématographique, "Dirty Papy" s’impose seulement comme un sommet d’irrévérencieux dont l’abondance finit par en étouffer l’impact comique. Et c’est bien dommage. En plus le personnage du grand-père est très vulgaire, gênant, lourd, embarrassant, c'est un énorme obsédé du sexe qui ne pense qu’à baiser et s’envoyer en l’air et qui se sert de son petit-fils pour arriver à ses fins. Cela dit, Zac Efron joue vraiment bien dans ce film, et il arrive à rendre son personnage légèrement attachant. En plus on peut admirer son joli petit cul, et j’ai bien aimé la scène où un petit garçon veut récupérer l’abeille en peluche que ce cher Zac porte en guise de culotte pour dissimuler son sexe et donc il lui arrache et ce pauvre Zac se retrouve totalement vulnérable en étant totalement à poil et paniqué, c'était une scène assez fun. Par ailleurs, j'ai bien aimé la scène où le grand-père défend la communauté LGBT en obligeant un gars à s'excuser de son comportement insultant envers un personnage homosexuel. Malgré cela, nul besoin de s’étendre pendant des siècles sur les qualités cinématographiques inexistantes de "Dirty Papy". D’un côté, on n’est pas déçu : le produit fini ressemble à ce qu’on pouvait en attendre, et ce n’est guère avec surprise que l’on ressort d’un navet honnête qui, à défaut d’être une catastrophe absolue, se classera sans doute dans le panier des idioties que l’on préférerait ignorer. Navet supplémentaire dans l’océan de comédies hollywoodiennes vulgaires tournées entre potes, "Dirty Papy" a cela de plus qu’il ridiculise un acteur aussi indispensable que Robert De Niro. Et finalement, même si le personnage principal n’est pas notre grand-père, l’effet est le même : voir cette icône, autrefois représentative des innovations apportées par le Nouvel Hollywood, coincée dans le vide artistique qu'est ce film. C’est une comédie potache américaine classique très lourde, vulgaire, trash, bien grasse et bien bête qui dans l'ensemble perturbe et attriste